Efficacité, dépendance, effets indésirables : 5 idées reçues autour des antidépresseurs

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Antidépresseurs
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La France est l’un des principaux consommateurs d’antidépresseurs par habitant au monde, d’après l’Inserm. De nombreuses idées reçues collent encore à la peau de ces médicaments. Éclairage.  

 

Quelques rappels sur les antidépresseurs

Les antidépresseurs sont des médicaments recommandés en cas de dépression d’intensité modérée ou sévère. Certains peuvent toutefois être prescrits dans d’autres situations : troubles anxieux, certains troubles du comportement alimentaire, pathologies psychiatriques ou encore dans la prise en charge de douleurs spécifiques, notamment les douleurs neuropathiques. 

Ces médicaments permettent de réduire les symptômes de la maladie et ses conséquences, en association avec une psychothérapie. Ils agissent en modulant l’activité de certains neurotransmetteurs situés dans le cerveau, en particulier la sérotonine et la noradrénaline, impliquées dans la régulation de l’humeur. 

 

Les différents types d’antidépresseurs 

Les antidépresseurs sont classés en différentes familles, en fonction de leur mécanisme d’action sur les neurotransmetteurs : 

  • Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) : ils contribuent à améliorer l’humeur en augmentant la quantité de sérotonine disponible dans le cerveau. Ils sont recommandés en cas de dépression ou de troubles anxieux et de troubles obsessionnels compulsifs (TOC).

  • Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNa) : ils agissent sur les deux neurotransmetteurs à l’œuvre dans la dépression et réduisent les symptômes qui y sont associés. Ils sont donc indiqués en cas de dépression sévère et de douleurs neuropathiques. 

  • Les antidépresseurs tricycliques ou inhibiteurs non sélectifs de la recapture de la monoamine : ils agissent également sur la sérotonine et la noradrénaline, mais aussi sur d’autres neurotransmetteurs. Ces antidépresseurs sont plus anciens et comportent donc plus de risques d’effets secondaires que les précédents. Ils impliquent donc une plus grande surveillance médicale. Ils peuvent être prescrits pour la prise en charge de la dépression ou en cas de douleurs chroniques.

  • Les inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO) :  ceux-ci empêchent plusieurs neurotransmetteurs de se dégrader et prolongent alors les effets dans le cerveau. Ils sont prescrits en cas de dépression résistante à d’autres traitements.

 

Antidépresseurs : halte aux idées reçues !

Les antidépresseurs n’ont pas toujours bonne réputation, alimentée par de nombreuses idées reçues. Pourtant, lorsqu’ils sont prescrits dans des situations appropriées, ils s’avèrent très efficaces. Démêlons le vrai du faux.  

 

Idée reçue #1 : un traitement sous antidépresseurs est court

Contrairement aux anxiolytiques qui doivent être pris pendant quelques semaines maximum, le traitement sous antidépresseurs dure plus longtemps. Une fois passée la période nécessaire pour obtenir une première amélioration des symptômes, le traitement doit être maintenu pendant une durée minimale de 6 mois pour un premier épisode dépressif. Par la suite, la durée du traitement recommandée se prolonge, afin de consolider les bienfaits obtenus et prévenir toute rechute ou réapparition de certains symptômes. Cette durée prolongée justifie la mise en place d’un suivi médical régulier une fois le traitement commencé.

 

Idée reçue #2 : les antidépresseurs sont immédiatement efficaces 

De 2 à 4 semaines sont généralement nécessaires avant de constater une amélioration des symptômes.  Il est donc impossible d’évaluer l’efficacité d’un antidépresseur avant au moins 3 semaines. En outre, tous les symptômes ne s’amélioreront pas de la même manière, en fonction de l’antidépresseur et de chaque patient. En effet, plusieurs études scientifiques ont démontré qu’hommes et femmes ne répondent pas de la même manière aux différentes familles d’antidépresseurs. L’âge est aussi un critère à prendre en compte dans le choix du médicament.

 

Idée reçue #3 : les antidépresseurs s’arrêtent facilement

Un traitement sur du long terme ne peut pas s’arrêter subitement, mais progressivement. Les doses prescrites doivent être diminuées peu à peu, par paliers. C’est toujours le médecin prescripteur (psychiatre ou médecin traitant) qui doit être à l’initiative de la diminution du traitement et qui doit la superviser. 
Ces précautions sont nécessaires pour prévenir toute réapparition des symptômes, mais aussi la survenue d’un syndrome de sevrage. Ce dernier est favorisé par l’arrêt brutal d’un antidépresseur et se manifeste par différents symptômes : 

  • Vertiges ; 

  • Troubles de l’équilibre ; 

  • Troubles du sommeil ; 

  • Irritabilité ; 

  • Anxiété ; 

  • Fébrilité voire frissons. 

C’est la raison pour laquelle vous ne devez jamais interrompre votre traitement antidépresseur sans l’accord de votre médecin, même si vos symptômes se sont améliorés.

 

Idée reçue #4 : les antidépresseurs provoquent toujours des effets indésirables

Comme tout médicament, les antidépresseurs peuvent entraîner des effets indésirables, mais ils ne sont pas systématiques et peuvent varier en fonction des patients et des familles de médicaments. S’ils se manifestent, c’est surtout en début de traitement ou en cas d’augmentation du dosage prescrit (qui doit, lui aussi, être décidé par votre médecin). 
Si des effets indésirables se manifestent, ils sont généralement passagers. Les plus fréquents sont : 

  • Somnolence diurne ou au contraire excitation ;

  • Constipation ; 

  • Prise ou perte de poids ; 

  • Sécheresse de la bouche ; 

  • Baisse de la tension artérielle ; 

  • Troubles de l’érection.
     
    Si vous ressentez un effet indésirable, signalez-le à votre médecin prescripteur qui pourra réajuster le traitement en conséquence si nécessaire. 

 

Idée reçue #5 : les antidépresseurs entraînent une dépendance

La grande majorité des antidépresseurs ne provoque pas de dépendance, contrairement aux anxiolytiques ou aux somnifères. En revanche, s’ils sont pris de manière inadaptée (chez des patients qui n’en ont pas forcément besoin, comme en cas de dépression légère par exemple), il y a un risque accru de dépendance physique, accompagné d’une sorte d’engourdissement émotionnel. C’est le résultat d’une étude scientifique parue en juillet 2022 dans la revue « Nature » et menée par une équipe de chercheurs de l’University College de Londres. D’où l’importance de ne prescrire des antidépresseurs que dans certaines situations qui le nécessitent vraiment.