
Après une opération, le besoin de transfusion peut être réduit de façon majeure transfusion grâce à l’épargne transfusionnelle. Le Dr Khaled Mirghani défend depuis longtemps cette pratique qui a fait ses preuves.
Epargne transfusionnelle ou Patient blood management (PBM) : qu’est-ce que c’est ?
L’épargne transfusionnelle a pour but de réduire le nombre de transfusions réalisées lors d’interventions chirurgicales, en particulier lorsque ces opérations augmentent les risques de saignements, comme en chirurgie cardiaque, gynécologique et orthopédique, et donc d’anémie.
Pendant longtemps, la transfusion était en effet pratiquée systématiquement en cas d’anémie. Or ce n’est plus le cas aujourd’hui, , en partie grâce au PBM (Patient Blood Management), ou épargne transfusionnelle en français, dont le Dr Khaled Mirghani est un grand promoteur depuis le début de sa carrière : « En mettant en place les moyens médicaux et techniques appropriés en amont, on réduit les risques de saignements pendant et après la chirurgie », résume l’anesthésiste-réanimateur qui officie à la clinique Maussins-Nollet du groupe Ramsay Santé, à Paris.
Ce concept existe en réalité depuis longtemps mais nécessite un travail en équipe et une véritable expertise pour donner tout son potentiel. Mais en quoi consiste-t-elle ? Lors du rendez-vous d’anesthésiste programmé en général 3 semaines à un mois avant l’intervention, un bilan sanguin est effectué afin de vérifier le taux de globules rouges et de fer. En cas de carence et donc de menace d’anémie, un traitement est mis en place : du fer est administré par voie intraveineuse, avec de l'érythropoïétine (EPO) capable de stimuler la moelle osseuse pour la faire produire davantage de globules rouges. Un nouveau bilan sanguin est effectué peu de temps avant l’opération, afin de vérifier l’efficacité du traitement. Par ailleurs, pendant l’intervention, l’anesthésiste agit à tout les niveaux pour limiter au maximum les sainements et donc les besoins de transfusion.
Une méthode aux nombreux avantages
Le PBM, ou épargne transfusionnelle, a permis de diminuer considérablement le nombre de saignements pendant l’opération et ainsi de besoins de transfusions sanguines. A ce sujet, le Dr Mirghani a recueilli des résultats sans équivoque au sein de la clinique Maussins-Nollet : en 2015, 91 patients avaient été transfusés et hospitalisés 6,5 jours en moyenne pour la pose d’une prothèse de genou et 5,5 jours pour une prothèse de hanche. En 2023, 11 patients ont été transfusés et hospitalisés pendant 4 jours pour une prothèse de genou, et 2,5 jours pour une prothèse de hanche en moyenne.
Traduction : « En plus de réduire le risque de saignements et d’anémie, l’épargne transfusionnelle aide à diminuer la durée d’hospitalisation et permet donc aux patients un rétablissement plus rapide », explique le spécialiste. Autre avantage du PBM et pas des moindres : moins de poches de sang sont commandées, ce qui signifie qu’il en reste davantage pour les situations d’urgence où elles sont indispensables.
L’épargne transfusionnelle, bientôt recommandée à échelle nationale ?
Depuis 2018, dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale, l’Assurance maladie et l’Agence régionale de santé (ARS) Île-de-France ont mis en place un dispositif permettant de développer de nouvelles organisations de soins. Depuis sa mise en place, 144 expérimentations ont déjà été mises en place. Le Patient Blood Management (PBM) pourrait bientôt être l’une des prochaines.
Sous l’impulsion de deux sociétés savantes – la Société française d’anesthésie et réanimation (SFAR) et la Société française de vigilance et de thérapeutique transfusionnelle (SFVTT) –, l’épargne transfusionnelle fait l’objet d’une étude dans 20 centres d’expérimentation de plusieurs régions de France, dont la clinique Maussins-Nollet de Paris, qui a déjà intégré 1 600 patients à cette recherche. Elle doit permettre de vérifier si le PBM est bien applicable dans tous les établissements de soins.
L’étude devrait se terminer d’ici le mois de juin 2025. L’ensemble des données des 20 établissements sera ensuite réuni en un livre blanc qui donnera lieu à des recommandations à suivre à échelle nationale.