Anémie : quelles sont les causes possibles ?

Image
Anémie : quelles sont les causes possibles ?
Body

Souvent associée à une carence en fer, l’anémie peut pourtant être provoquée par des causes multiples. Quels sont les facteurs à l’origine de l’anémie, comment la diagnostiquer et la traiter ? Décryptage.

 

Anémie : qu’est-ce que c’est ?

 

L’anémie correspond à un taux anormalement bas d’hémoglobine dans le sang. Pour rappel, l’hémoglobine est une protéine présente dans les globules rouges (appelés aussi hématies) qui leur permet de transporter l’oxygène vers l’ensemble des organes du corps. Chaque jour, des millions de nouveaux globules rouges sont fabriqués par la moelle osseuse afin de remplacer ceux qui ont été détruits. Or, pour produire ces globules rouges, l’organisme a besoin de différents éléments fournis par l’alimentation : fer, vitamines B12 et B9 (folates). 

Votre taux d’hémoglobine varie selon votre âge et votre sexe. Ainsi, on peut parler d’anémie lorsque : 

  • Chez le nouveau-né, le taux d’hémoglobine est inférieur à 14 grammes par décilitre de sang (ou g/dl).
  • Chez la femme adulte, ce taux est inférieur à 12 g/dl.
  • Chez la femme enceinte entrée dans son second trimestre de grossesse, l’anémie est diagnostiquée avec un taux d’hémoglobine inférieur à 10,5 g/dl.
  • Chez l’homme adulte, lorsqu’il est inférieur à 13 g/dl.

 

Les symptômes de l’anémie

Mis à part un taux d’hémoglobine faible, d’autres symptômes peuvent révéler une anémie. Ceux-ci varient en fonction de la sévérité de cette dernière et apparaissent lorsqu’elle est installée : 

  • Un état de fatigue persistant ;
  • Des maux de tête, des vertiges et une sensation de tête qui tourne et des étourdissements, ou encore une faiblesse lorsque vous vous levez ; 
  • L’intérieur de vos paupières, de vos ongles et de vos lèvres est pâle ;
  • Un essoufflement au moindre effort et qui perdure au repos ;
  • Des palpitations ;
  • Des difficultés de concentration, de mémorisation ou à la lecture ;
  • Une baisse de motivation au quotidien. 

Non traitée, l’anémie peut entraîner des troubles cardiaques (insuffisance cardiaque ou aggravation d’une pathologie existante) et pulmonaires (aggravation d’une insuffisance respiratoire). 

 

Anémie : quelles sont les différentes causes ?

 

Il existe deux types d’anémie, qui dépendent des causes qui sont en jeu : l’anémie centrale et l’anémie périphérique.

 

Les causes de l’anémie centrale

Une anémie est dite centrale lorsqu’elle correspond à un défaut ou une insuffisance de production de globules rouges au sein de la moelle osseuse. Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer : 

  • Une carence en fer : c’est la principale cause d’anémie dans le monde. Les femmes enceintes en fin de grossesse sont particulièrement touchées. Leurs besoins en fer augmentent avec l’augmentation du volume du placenta, du volume sanguin et la croissance du fœtus. 
  • Une carence en vitamines B12 et/ou B9, des éléments indispensables, comme le fer, sont à la production d’hémoglobine et de globules rouges. Cette cause d’anémie fait également partie des plus fréquentes. La carence en vitamine B12 peut être due à un défaut d’absorption de cette vitamine par le tube digestif. Concernant la carence en vitamine B9, elle provient généralement d’une alimentation déséquilibrée et pauvre en légumes verts.
  • Une maladie inflammatoire chronique : infections, pathologies chroniques, cancers… A cause des mécanismes inflammatoires qui se mettent en place en présence d’une de ces maladies, l’utilisation du fer pour fabriquer les globules rouges peut être perturbée. 
  • Une insuffisance rénale chronique : dans ce cas, les reins ne peuvent plus fabriquer normalement une hormone chargée de stimuler la moelle osseuse, l’érythropoïétine (ou EPO). 
  • Plus généralement, tout dysfonctionnement de la moelle osseuse peut expliquer une anémie centrale. Pour rappel, la moelle osseuse est le tissu des os dans lequel les globules rouges et l’hémoglobine sont fabriqués. Le vieillissement, un médicament, un produit toxique, un cancer… peuvent perturber son fonctionnement. 

 

Les causes d’anémie périphérique

On parle d’anémie périphérique lorsque, une fois fabriqués, les globules rouges subissent une diminution prolongée. Cette dernière peut être causée par tout saignement ou hémorragie, même peu abondante, y compris à la suite d’une opération. 

 

Une forme plus rare : l’anémie hémolytique 

Une autre cause d’anémie périphérique existe, bien qu’elle soit plus rare en France : l’hémolyse. En raison d’une anomalie, les globules rouges se trouvent dans ce cas détruits prématurément. En réaction, la moelle osseuse produit une quantité plus grande de globules rouges pour compenser leur destruction, ce qui peut entraîner divers troubles : on parle alors d’anémie hémolytique. Cette maladie survient en raison de facteurs génétiques et héréditaires, sous différentes formes : 

  • La drépanocytose est une maladie génétique de l’hémoglobine des globules rouges qui provoque une anomalie de leur forme pouvant entraîner une obstruction des vaisseaux sanguins, et donc une anémie. Cette maladie touche principalement les patients provenant d’Afrique, des Antilles et du bassin méditerranéen. Elle fait l’objet d’un dépistage à la naissance pour les enfants à risque. En effet, pour être atteint, deux gènes défectueux (l’un provenant du père et l’autre de la mère) doivent être présents. 
  • La thalassémie consiste en une anémie hémolytique grave en cas de présence de deux gènes anormaux. Elle concerne surtout les personnes originaires du bassin méditerranéen, de l’Afrique et de l’Asie du sud-est. 
  • L’anémie hémolytique auto-immune, une maladie rare (600 cas par an, en France) qui se déclare lorsque le corps produit des anticorps contre ses propres globules rouges. 

 

Anémie : comment la traiter ?

 

Une anémie qui en est à un stade précoce ne produit pas forcément de symptômes. Dans tous les cas, elle sera confirmée par une analyse de sang. Un traitement pourra ensuite être mis en place.

 

Déroulé du diagnostic de l’anémie

Votre médecin vous prescrit une prise de sang, dans laquelle la partie correspondant à l’hémogramme ou la numération formule sanguine (NFS) sera particulièrement scrutée, car c’est elle qui correspond au dosage et à l’analyse de l’hémoglobine. Si le taux de cette dernière est inférieur aux valeurs normales citées plus haut, l’anémie est confirmée. Cependant, d’autres données doivent être analysées : 

  • La concentration corpusculaire (ou globulaire) moyenne en hémoglobine (CCMH ou CGMH) qui correspond à la quantité d’hémoglobine contenue dans 100 millilitres de globules rouges.
  • La teneur corpusculaire (ou globulaire) moyenne en hémoglobine (TCMH ou TGMH) : la quantité moyenne d’hémoglobine contenue dans un globule rouge.
  • Le volume globulaire moyen (VGM) des globules rouges : un indicateur de la taille des globules rouges. En effet, quand leur taille est inférieure à la normale, l’anémie est considérée comme microcytaire et peut s’expliquer par une carence en fer, une inflammation ou une cause génétique. A l’inverse, si le VGM est trop élevé, l’anémie est dite macrocytaire et peut être liée à une carence en vitamines B12 ou B9. 
  • Le taux de réticulocytes : ces derniers sont des cellules sanguines correspondant à de jeunes globules rouges tout juste produits par la moelle osseuse. Ils donnent donc un indice sur le fonctionnement de cette dernière : si leur taux est élevé, cela signifie que la moelle osseuse produit activement des globules rouges pour compenser une perte. Dans le cas contraire et si leur taux est bas, l’anémie est centrale. 
  • L’hématocrite : le pourcentage de volume sanguin occupé par les globules rouges. En cas d’anémie, il diminue.

 

En fonction des résultats de cette première analyse, votre médecin peut vous prescrire d’autres examens : 

  • Une nouvelle prise de sang pour doser plus précisément le taux de fer (dosage de la ferritine), des vitamines B12 et B9.
  • Un myélogramme : cet examen est réalisé en milieu hospitalier par un médecin spécialiste. Il consiste à prélever directement un échantillon de moelle osseuse, afin d’analyser son fonctionnement plus en détail.
  • Une analyse d’urine pour y rechercher la présence de sang.
  • Une endoscopie digestive haute ou une coloscopie pour rechercher une cause d’hémorragie gastro-intestinale.
  • Une échographie abdomino-pelvienne pour rechercher un fibrome utérin, par exemple.
  • Un bilan complet concernant une maladie inflammatoire chronique, une insuffisance rénale chronique ou une maladie génétique. 

 

Anémie : une prise en charge adaptée à votre cas

Dans tous les cas, votre traitement sera défini en fonction de votre taux d’hémoglobine et de vos symptômes associés. Si votre taux est inférieur à 8 g/100 ml, vous devez être pris en charge rapidement, en commençant par une transfusion de sang

Si votre taux d’hémoglobine est supérieur à 8 g/100 ml, cela ne représente pas un caractère de gravité et un traitement adapté vous est prescrit pour soulager vos symptômes et améliorer votre qualité de vie. 

  • En cas de carence en fer, un médicament à base de fer par voie orale est prescrit. Ne vous étonnez pas : il peut colorer vos selles en noir et provoquer des douleurs abdominales sans gravité. En cas de perte de fer importante et si vous ne supportez pas bien ce traitement, une transfusion de fer peut être envisagée.
  • En cas de carence en vitamine B12 qui n’est pas causée par votre alimentation, votre médecin vous prescrit cette vitamine par injections intramusculaires. Si la carence est alimentaire (bien que ce soit rare, sauf en cas de régime végétalien strict excluant la viande, les œufs et les produits laitiers) ou causée par une pathologie digestive, votre médecin vous prescrit la vitamine sous forme de comprimés ou d’ampoule buvable. 
  • En cas de carence en vitamine B9, votre médecin peut vous en prescrire sous forme de comprimés d’acide folique, d’ailleurs automatiquement prescrits aux femmes enceintes.
  • Si l’anémie est due à la prise d’un médicament, ce dernier est arrêté et remplacé.
  • En cas de maladie rénale chronique à l’origine d’une carence en fer, votre médecin vous prescrit des injections d’EPO, afin de stimuler la moelle osseuse.
  • Il n’existe pas de traitement spécifique en cas d’anémie hémolytique. Mais votre médecin peut vous prescrire des corticoïdes, un anticorps monoclonal ou des immunosuppresseurs.