
Un quotidien sans odeurs : voici la principale conséquence de l’anosmie. Si ce trouble a beaucoup fait parler de lui pendant la crise du Covid-19, il ne se limite pas à cela. Qu’est-ce qui peut le causer ? Explications.
Anosmie : qu’est-ce que c’est ?
L’anosmie correspond à la perte d’odorat, souvent associée à une perte de goût, puisque le sens de l’odorat est associé à la perception des arômes alimentaires, qui remontent au nez par l’arrière de la bouche.
Médicalement parlant, l’anosmie se définit par un trouble quantitatif de l’odorat. Les odeurs et les arômes ne peuvent pas ou plus être perçus, transportés ou traités (en tant qu’informations). Au quotidien, l’anosmie peut être un véritable handicap qui nécessite une prise en charge médicale pluridisciplinaire.
6 causes possibles d’anosmie
L’anosmie peut apparaître pour plusieurs raisons :
#1 Les inflammations du nez et des sinus
Ces pathologies diverses (rhinite, sinusite ou encore polypose naso-sinusienne) portent atteinte à la cavité nasale jusqu’à provoquer son obstruction. Les cellules odorantes provenant de l’extérieur ne peuvent alors plus accéder à la muqueuse olfactive, ce qui empêche ses récepteurs de percevoir les informations concernant les odeurs et donc de les transmettre au cerveau. Une anosmie liée à une inflammation du nez et des sinus n’est pas définitive : avec une prise en charge et un traitement adapté, l’odorat revient la plupart du temps.
#2 Les infections virales
De telles infections sont causées par la plupart des virus respiratoires, dont celui de la grippe. Dans ce cas, c’est le virus lui-même qui s’attaque à la muqueuse olfactive, la faisant augmenter de volume. Il cible particulièrement les cellules chargées de détecter les molécules odorantes. Conséquence : les récepteurs olfactifs censés transformer ces molécules en message nerveux destiné au cerveau empêchent ce dernier de recevoir ces informations et de les traiter. Là encore, l’odorat revient dans la grande majorité des cas, en quelques semaines ou quelques mois, avec la mise en place d’un traitement adapté.
L’anosmie, un trouble popularisé par le Covid-19
Parmi les infections virales qui ont (beaucoup) fait parler d’elles récemment, on compte bien sûr le Covid-19. C’est durant cette épidémie, à partir de 2020, que l’anosmie a été découverte par le grand public. En effet, il s’agit d’un symptôme fréquemment rapporté par les personnes souffrant de cette infection respiratoire (30 à 85% des cas, d’après l’association Anosmie.org).
Toutefois, le Covid-19 n’est pas une maladie comme les autres : son action sur les récepteurs olfactifs diffère de celle des infections virales « classiques ». En effet, le virus SARS-CoV‑2 est capable de pénétrer les neurones olfactifs : il infecte les cellules sensorielles, s’y multiplie et finit ainsi par détruire les récepteurs olfactifs. Ce qui explique l’anosmie.
Mais le Covid-19 n’en reste pas là : il infecte aussi les cellules adjacentes aux neurones, ce qui provoque une inflammation et une désorganisation de la muqueuse et du système nerveux olfactifs. De plus, une fois intégré dans ces cellules, le virus peut y rester plusieurs mois. Ce qui explique que l’anosmie apparue à la suite du Covid-19 soit le symptôme qui dure le plus longtemps.
#3 Un traumatisme crânien
Cette cause expliquerait 20% des anosmies. Pour rappel, le traumatisme crânien correspond à un choc violent à la tête entraînant un impact entre le cerveau et la boîte crânienne. Une lésion plus ou moins importante peut en découler. Lorsqu’un tel choc provoque une anosmie, cela s’explique par le sectionnement des filaments des nerfs olfactifs par un os de la boîte crânienne. L’information nerveuse ne peut alors plus être transmise. Dans cette situation, l’anosmie peut être temporaire (à condition que la rééducation ait lieu rapidement) ou définitive.
#4 Les causes pathologiques
Plusieurs maladies peuvent provoquer une anosmie :
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Certaines tumeurs de la région ORL ;
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Le diabète ;
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Certains troubles hormonaux ;
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Des maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson ou la sclérose en plaques : l’anosmie peut d’ailleurs se révéler être un symptôme précoce de ces pathologies.
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À noter également que la radiothérapie en traitement d’un cancer peut aussi, en fonction de sa localisation, déclencher une anosmie.
#5 Une exposition à des substances toxiques
Il peut s’agir notamment de produits chimiques dont l’exposition intervient dans un contexte professionnel. Le tabac est également suspecté, mais sa responsabilité n’a pas encore été scientifiquement prouvée à ce jour.
#6 Le vieillissement
Avec l’âge, le système olfactif vieillit comme l’ensemble de l’organisme et l’efficacité de ce système diminue : l’anosmie peut donc apparaître progressivement chez les personnes âgées.
Le cas particulier de l’anosmie congénitale
Dans ce cas, toutefois rare, l’anosmie est présente dès la naissance. Plusieurs causes sont ici avancées :
• Une malformation de la cavité nasale empêchant les molécules odorantes d’accéder à la muqueuse nasale ;
• L’absence ou le dysfonctionnement de la muqueuse nasale ;
• L’absence ou l’atrophie des bulbes olfactifs, situés dans le cerveau.
L’anosmie congénitale peut aussi être l’un des symptômes d’un syndrome présent dès la naissance comme le syndrome de Kallmann de Morsier (une maladie génétique rare du développement associant l’anosmie à des anomalies hormonales) ou l’insensibilité congénitale à la douleur.
Anosmie : que faire et quand consulter ?
Dès l’apparition du symptôme, prenez rendez-vous avec votre médecin traitant ou votre oto-rhino-laryngologiste (ORL). Différentes étapes sont nécessaires avant de poser un diagnostic, lequel comprend l’enquête sur la cause de l’anosmie. Plusieurs examens complémentaires vous seront également prescrits.
Le protocole de soins mis en place dépend de la cause de l’anosmie. Souvent, une rééducation olfactive est recommandée pendant plusieurs mois, voire plusieurs années dans certains cas.