Le nez qui saigne, une hémorragie bénigne dans la majorité des cas

De son nom médical épistaxis, le saignement du nez est la plupart du temps bénin et quelques gestes suffisent souvent à l’arrêter. Mais s’il est trop abondant ou répétitif, il nécessite de consulter. Tout savoir sur le saignement du nez. 

Pourquoi saigne-t-on du nez ?

L’écoulement de sang peut se produire par l’une des narines ou les deux (il est qualifié d’antérieur), mais aussi se diriger vers la gorge, ce qui correspond alors à un écoulement postérieur. Dans certains cas, il peut être à la fois antérieur et postérieur. Près de 60 % des Français saignent du nez au moins une fois dans leur vie, enfants et adultes confondus.

Saignement du nez : les raisons biologiques

Cette hémorragie bénigne, dont le nom médical est épistaxis, survient au niveau des muqueuses particulièrement fines, riches en vaisseaux sanguins et fragiles qui tapissent les cavités nasales. Un saignement de nez correspond à une ou plusieurs lésions d’un de ces vaisseaux. L’avant du nez est la cible privilégiée des saignements du nez, et pour cause, il s’agit d’une zone délicate et particulièrement riche en vaisseaux sanguins, au point d’être également nommée « tache vasculaire dense ». Une zone que les médecins peuvent heureusement repérer et atteindre facilement pour examiner comme pour soigner.

Pourquoi saigne-t-on du nez ?

La lésion d’un des vaisseaux composant la muqueuse nasale peut être provoquée par des causes diverses :

• Une inflammation de la muqueuse du nez : la raison la plus courante, surtout en cas de rhinopharyngite ou de rhinite allergique.

• Un traumatisme du nez, pouvant être provoqué par un choc à cet endroit ou à l’introduction d’un petit objet dans une narine, ce qui est fréquent chez les enfants.

• Un grattage plus ou moins prononcé de la muqueuse nasale, en cas de sécheresse du mucus, également fréquent chez les plus jeunes.

• La sécheresse de l’air d’une manière générale.

• L’utilisation et la prise de certains médicaments peut aussi favoriser les saignements du nez : décongestionnant, cortisone en vaporisation, anticoagulants, antiagrégants plaquettaires notamment.

La maladie de Rendu-Osler est une pathologie vasculaire héréditaire qui touche environ une naissance sur 6000. Elle est donc considérée comme rare. Son principal symptôme sont des saignements de nez spontanés et répétés, au point d’entraîner une anémie et l’apparition de petites taches rouges sur la langue, les lèvres ou les doigts. Malformations des vaisseaux des poumons, du foie, de la moelle épinière ou encore du cerveau sont également des signes révélateurs de cette pathologie. Des complications graves comme un accident vasculaire-cérébral (AVC), une insuffisance cardiaque ou un abcès cérébral peuvent en découler. Quel que soit l’âge, en cas de présence confirmée de cette maladie dans le cercle familial, il est essentiel d’effectuer des examens de dépistage.

Saignement du nez : quand faut-il consulter ?

Il est recommandé de consulter votre médecin généraliste si :

• Votre saignement du nez continue ou s’accentue, malgré les gestes de compression que vous avez pu réaliser.

• Vos saignements du nez deviennent répétitifs.

D’autres situations impliquent de se rendre rapidement aux urgences :

• Si le saignement du nez est très abondant et s’écoule par les deux narines ainsi que dans la gorge.

• S’il survient abondamment et que vous souffrez d’un trouble de la coagulation.

• S’il fait suite à la prise d’un traitement anticoagulant ou antiagrégant plaquettaire.

• S’il est provoqué par un traumatisme grave, comme un accident de la route par exemple.

• S’il est associé à d’autres symptômes : sueurs, pâleur, anxiété, agitation, malaise, battements rapides du cœur, notamment.

Le cas des saignements du nez répétés

Si vous subissez cette situation, consulter un médecin ORL est indispensable. Ce spécialiste déterminera l’endroit précis à l’origine des saignements et leur cause, avant de vous prescrire le traitement adapté.

Saignement du nez à répétition : quelle prise en charge médicale ?

Le spécialiste commence par vous interroger, afin de connaître vos antécédents médicaux, les traitements que vous prenez, le contexte de survenue des saignements et leurs caractéristiques. Il effectuera ensuite une rhinoscopie (exploration des cavités nasales à l’aide d’un dispositif optique souple), ainsi qu’un examen global de votre sphère ORL, afin de pouvoir établir son diagnostic.

Plusieurs traitements sont possibles ensuite, en fonction de la nature de vos saignements du nez :

• La cautérisation des vaisseaux du nez est réservée aux saignements peu abondants de la fameuse tache vasculaire. Sous anesthésie locale, la cautérisation consiste à supprimer une partie des vaisseaux sanguins responsables de l’épistaxis. Elle s’effectue à l’aide d’un produit chimique (comme le nitrate d’argent ou l’acide chromique) ou d’électrocoagulation provoquée par des pincettes électriques.

• Le tamponnement antérieur ou méchage du nez consiste à introduire une ou deux mèches hémostatiques, éponges ou colles hémostatiques dans les fosses nasales, le tout sous anesthésie locale. Cette méthode est utilisée lorsque la rhinoscopie n’a pas permis de révéler la zone responsable des saignements.

• Lorsque c’est la partie arrière du nez qui est concernée par les saignements, deux solutions sont possibles : le tamponnement postérieur ou méchage de la zone située à l’arrière des fosses nasales ; ou l’introduction d’une sonde à double ballonnets dans chaque narine, qui est ensuite gonflée avec un liquide, provoquant alors une compression favorable à la coagulation.

• Si les saignements persistent malgré ces traitements, la chirurgie sera envisagée. Deux techniques possibles : l’embolisation (ou obstruction) et la ligature des vaisseaux sanguins concernés. 

Les bons gestes pour éviter les saignements du nez

Vous avez tendance à saigner du nez ? Quelques gestes préventifs peuvent vous permettre de limiter la survenue des saignements :

• Lorsque vous vous mouchez, faites-le délicatement et ne mouchez qu’un côté après l’autre.

• Éternuez en ouvrant la bouche.

• Évitez de gratter l’intérieur de votre nez.

• Utilisez les gouttes et sprays nasaux contenant un décongestionnant de manière limitée.

• Ne prenez pas d’aspirine ou d’anti-inflammatoires sans avoir demandé l’avis de votre médecin au préalable.

• Évitez de vous exposer longuement à un air trop froid ou trop sec.

• Vérifiez régulièrement votre tension artérielle.

Focus bien-être : Comment réagir lorsqu’on saigne du nez ?

Vous saignez du nez de façon peu abondante ? Votre état de santé général est bon ? Voici comment le soigner par vous-mêmes :

• Asseyez-vous, mouchez-vous très doucement et une seule fois, afin de faire sortir les caillots de sang qui pourraient vous empêcher d’effectuer une pression sur votre nez.

• Penchez légèrement la tête vers l’avant, en regardant le sol et en entrouvrant la bouche : vous évitez ainsi d’avaler du sang et d’avoir des nausées en conséquence.

• Comprimez votre nez pendant 10 minutes avec un doigt contre une narine ou en pinçant les deux narines en même temps, sous la partie osseuse du nez. Chronométrez bien ces 10 minutes, sans les interrompre et renouvelez ce geste une seconde fois, si votre saignement persiste.

• Si possible, appliquez de la glace sur votre nez, afin de réduire le saignement et de resserrer les vaisseaux sanguins sous l’effet du froid.

Si le saignement du nez est bénin dans la plupart des cas, certaines situations nécessitent de consulter un médecin rapidement voire en urgence : en fonction de l’intensité du saignement, de sa fréquence mais aussi du contexte qui l’entoure. Le médecin ORL est le spécialiste approprié pour déterminer la cause du saignement du nez et le prendre en charge !