Syndrome d’alcoolisation fœtale : un risque souvent sous-estimé

Image
alcoolisation
Body

Quand l’alcool durant la grossesse fait des ravages. Le syndrome d’alcoolisation fœtale, ou SAF, est la première cause de handicap mental non génétique, un trouble aux conséquences lourdes sur la santé, la vie sociale et professionnelle des enfants touchés. Explications.

 

Qu’est-ce que le syndrome d’alcoolisation fœtale ?

Chaque année en France, 8000 enfants naissent avec des troubles provoqués par l’alcoolisation fœtale, dont 800 qui sont atteints du syndrome d’alcoolisation fœtale. Le SAF est donc la forme la plus grave de l’exposition à l’alcool du fœtus durant la grossesse. Il peut être complet ou incomplet, ce qui signifie que les répercussions physiques, cognitives et comportementales provoquées par l’alcoolisation du futur bébé sont plus ou moins prononcées. Le SAF dit complet est la forme la plus grave de ce syndrome, visible dès la naissance de l’enfant.

 

D’un point de vue statistique, le syndrome d’alcoolisation fœtale survient davantage quand la future mère est enceinte tardivement (au-delà de 35 ans) ou si elle est sujette à des déséquilibres nutritionnels. De plus, le fœtus peut être plus ou moins sensible à une exposition à l’alcool, en fonction de son patrimoine génétique. Enfin, le niveau de consommation d’alcool joue également un rôle dans la survenue du syndrome, bien qu’il puisse également apparaître en cas de faible exposition. 

 

Dans tous les cas, le risque existe à partir du moment où il y a exposition à l’alcool.

 

Des risques sévères dès le début de la grossesse

Quel que soit le stade de la grossesse et même en petite quantité, toute consommation d’alcool par la mère fait courir un risque élevé pour le fœtus. Une fois l’alcool ingéré, il parvient rapidement jusqu’au sang du bébé, dont il va perturber la croissance du cerveau, du cœur et d’autres organes. Le syndrome d’alcoolisation fœtale peut provoquer des malformations diverses. 

 

Au cours du premier trimestre de grossesse, les organes de l’enfant à naître se développent les uns après les autres. Une alcoolisation dès ce stade peut donc avoir de multiples conséquences qui peuvent parfois n’être décelables que bien plus tard.  

 

Syndrome d’alcoolisation fœtale : quels sont les symptômes ?

Un SAF complet comporte des symptômes visibles dès la naissance, tandis que les signes d’un SAF incomplet peuvent se révéler au fil du développement de l’enfant.

 

Parmi les symptômes de ce syndrome, complet comme incomplet, on retrouve : 

  • Des malformations
  • Un faciès particulier (dysmorphie faciale)
  • Un retard de croissance qui peut concerner le poids, la taille ou le périmètre crânien
  • Des troubles du développement neurologique : retard mental, déficience sensorielle (en particulier concernant la vue), troubles de l’attention, du développement, de la mémoire, du comportement ou encore des facultés d’adaptation et des conduites sociales

 

Ce dernier symptôme peut prendre des formes diverses et variables en fonction de l’âge de l’enfant. En outre, certaines de ces manifestations ne peuvent se dépister qu’à l’âge scolaire, voire à l’adolescence. Un enfant atteint du syndrome d’alcoolisation fœtale subit souvent l’échec scolaire et peut être plus facilement amené à développer des conduites de délinquance et de consommation de produits toxiques par la suite. 

 

Syndrome d’alcoolisation fœtale : quelle prise en charge ?

En raison de l’apparition tardive de certains symptômes, d’autant plus si la mère n’est pas consciente de son degré d’exposition ni des risques encourus par son bébé, le dépistage du SAF peut s’avérer complexe. 

 

Syndrome d’alcoolisation fœtale : une maladie difficile à dépister… et donc à traiter

La dépendance à l’alcool est un sujet souvent difficile à aborder pendant la grossesse, et ce pour plusieurs raisons : sujet tabou, crainte d’avoir affaire aux services sociaux par la suite, etc.

 

Face à la complexité voire à l’impossibilité de diagnostiquer ce trouble, un parcours de soins n’est pas toujours mis en place pour l’enfant atteint du SAF. La grande diversité de ses symptômes et troubles, dont certains restent même invisibles, ne facilite pas la chose. Pourtant, intervenir auprès de la future mère le plus tôt possible avant la naissance de son enfant est la meilleure manière de limiter les dégâts.

 

Pour le bébé à naître, la prise en charge par un pédiatre spécialisé pourra avoir lieu dès la maternité. A partir du moment où certains symptômes sont repérés, une prise en charge pluridisciplinaire (orthophoniste, psychomotricien, pédopsychiatre…) pourra être mise en place.

 

Prévenir le SAF : zéro alcool pendant la grossesse

Les risques liés à la consommation d’alcool pendant la grossesse restent méconnus des français, qui ont tendance à les sous-estimer. En 2017, 21 % d’entre eux pensaient encore qu’il était conseillé de boire un verre de vin de temps en temps, pendant la grossesse ; tandis que 44 % déclaraient que consommer de l’alcool était risqué pour le fœtus, d’après les données recueillies par l’Union nationale des associations agréées d’usagers du système de santé.

 

La sensibilisation sur le sujet reste indispensable. Tous les professionnels de santé sont unanimes, pendant la grossesse, il est formellement déconseillé de consommer de l’alcool, même en infime quantité.

 

Conseil bien-être : Quelles solutions en cas de conflit entre alcool et désir d’enfant ? 

Vous reconnaissez souffrir d’un problème avec l’alcool et vous souhaitez devenir enceinte ? En prenant conscience des risques pour votre futur bébé, le premier pas (préventif et curatif) est fait ! Mais il est également essentiel de vous laisser aider : 

  • Parlez-en sans tarder avec le gynécologue qui suit votre grossesse. Le suivi effectué mois par mois augmente les chances de votre enfant d’être pris en charge à temps si besoin.
  • Rapprochez-vous d’un professionnel de santé en qui vous avez confiance pour régler vos problèmes avec l’alcool : votre médecin traitant, un psychologue ou un addictologue qui pourra s’assurer de la coordination de votre prise en charge. Ces professionnels ne sont pas là pour vous juger, mais pour vous aider à préserver votre santé et celle de votre futur enfant.
  • Identifiez une personne de confiance parmi vos proches, qui pourra vous accompagner lors de certains rendez-vous médicaux et à laquelle vous pourrez vous confier dès que vous en ressentirez le besoin.
Image
alcoolisation