Rectocolite hémorragique (RCH) : une maladie inflammatoire de l’intestin aux symptômes éprouvants

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Particulièrement fréquente dans les pays industrialisés, la rectocolite hémorragique fait partie des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) au même titre que la maladie de Crohn. Comment la reconnaître et l’expliquer ? Et comment la soigner ? Notre dossier.

 

Qu’est-ce-que la rectocolite hémorragique (RCH) ?

La rectocolite hémorragique (RCH), plus rarement appelée colite ulcéreuse, fait partie de la famille des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). Elle se manifeste par une inflammation chronique de la muqueuse intestinale, provoquée par une réaction excessive du système immunitaire, au niveau du rectum et du côlon. La rectocolite hémorragique peut prendre différentes formes, en fonction de son étendue :

  • Elle est qualifiée de rectite lorsque seul le rectum est touché (c’est le cas pour 50 % des patients).
  • De rectocolite gauche lorsque les lésions provoquées par l’inflammation s’étendent jusqu’au côté gauche du côlon (environ 30% de patients sont concernés).
  • De pancolite lorsque la RCH concerne le rectum et le côlon dans leur totalité (seulement 20% des cas).

 

Le patient atteint de RCH alterne entre phases actives de la maladie (appelées « poussées ») et celles sans symptômes. Sa qualité de vie générale est considérablement dégradée par la maladie.

La rectocolite hémorragique peut survenir à tout âge, mais elle débute le plus souvent entre  15 et 35 ans.

 

Rectocolite hémorragique : quels symptômes ?

Les symptômes de la RCH sont divers et dépendent de l’étendue des lésions en phase de poussée. Le rectum étant inévitablement impliqué, on retrouve plusieurs symptômes digestifs :

  • Saignements ou écoulements de glaires sanglantes par l’anus.
  • Fausses envies pressantes d’aller à la selle (épreintes).
  • Douleurs au niveau du rectum et de l’anus.
  • Spasmes abdominaux.
  • Diarrhées irrégulières et accompagnées de glaires sanglantes (4 à 20 selles par jour, en fonction de l’étendue des lésions).

 

D’autres symptômes peuvent accompagner la maladie, comme des douleurs articulaires, des aphtes, du psoriasis, des troubles oculaires ou encore une jaunisse, si les voies biliaires sont touchées. En cas de diagnostic et de prise en charge tardive, ou en période de poussée sévère, fatigue, perte de poids, anémie ou fièvre sont fréquentes.

 

Les causes de la rectocolite hémorragique

La principale cause de la rectocolite hémorragique reste inconnue à ce jour. Néanmoins, un certain nombre de facteurs de risque ont pu être identifiés :

  • La prédisposition génétique : certains gènes favorisant l’apparition de la pathologie ont été mis en évidence.
  • La réaction anormale du système immunitaire face aux bactéries de la flore intestinale.
  • Plusieurs causes environnementales ont aussi leur rôle à jouer : la pollution, le stress (qui est un facteur aggravant), une alimentation pauvre en fer et des carences en vitamine D. La RCH est d’ailleurs particulièrement répandue dans les pays les plus industrialisés et son taux d’incidence augmente dans les pays en voie d’industrialisation.

 

Comment diagnostiquer la RCH ?

Maux de ventre qui durent et selles sanglantes sont souvent les raisons qui poussent les patients à en parler à leur médecin traitant. Après cette première consultation, plusieurs examens seront nécessaires pour poser un diagnostic de rectocolite hémorragique, et notamment de s’assurer qu’il ne s’agit pas de la maladie de Crohn, qui possède de nombreuses similitudes :

  • L’iléocoloscopie. Cet examen est réalisé sous anesthésie générale par un gastro-entérologue, qui introduit un tube souple muni d’une mini-caméra dans l’anus pour atteindre l’intestin et examiner le rectum, le côlon et la partie terminale de l’intestin grêle. Cet examen visuel permet d’évaluer l’étendue des lésions éventuelles et de réaliser une biopsie. Il est utile également pour le suivi de la maladie.
  • Une analyse sanguine est prescrite afin de rechercher une carence en fer, en particulier (provoquée par les saignements répétés au niveau du rectum) et des carences nutritionnelles, mais aussi pour détecter un syndrome inflammatoire et les effets de la maladie sur les reins et le foie.
  • Une analyse bactériologique et parasitologique des selles permet d’éliminer toute suspicion d’infection.
  • Des examens radiologiques comme une échographie et un scanner abdominal, éventuellement.
  • Des examens ophtalmologiques, en cas de troubles oculaires.

 

Rectocolite hémorragique et maladie de Crohn : quelle différence ?

Il est souvent difficile (voire impossible dans 10 à 20 % des cas) de faire la distinction entre la maladie de Crohn et la RCH, en raison de leurs points communs : toutes deux évoluent par poussées, puis phases de rémission. Les professionnels de santé parlent d’ailleurs de « maladies cousines ». Leur principale différence réside dans leur manière de s’étendre : la rectocolite hémorragique s’étend de manière plus ou moins prononcée sur le côlon, en ne laissant jamais de portion saine, alors que la maladie de Crohn est qualifiée de « segmentaire ». Elle peut atteindre l’ensemble du tube digestif, en alternant zones enflammées et zones saines.

 

Rectocolite hémorragique : quels traitements ?

Il n’existe pas encore de traitement permettant de guérir la RCH. Les objectifs des traitements actuels visent néanmoins à soigner ou apaiser les symptômes, jusqu’à les éliminer sur de longues périodes. On parle alors de rémission, car ils permettent d’éviter les rechutes et le recours à la chirurgie, mais aussi à améliorer le bien-être général du patient. Il est supervisé par votre médecin traitant et votre gastro-entérologue.

 

De nombreux traitements médicamenteux possibles

Ces médicaments sont prescrits pour soigner les poussées de RCH, puis en guise d’entretien continu ou prolongé.

  • Les aminosalicylés de type 5-ASA ou 5-aminosalicylate, sous forme de suppositoire en cas de rectite et par voie orale en cas de RCH plus étendue. Ces médicaments permettent de soigner les poussées et d’éviter une rechute. Ils ont également une action anti-inflammatoire sur la muqueuse intestinale.
  • Les corticoïdes sont prescrits en cas d’échec du traitement précédent. Puissants, ils sont utilisés en cure courte lors des poussées et administrés par voie orale, rectale ou par injection.
  • Les biomédicaments immunomodulateurs. Ceux-ci permettent d’atténuer les réactions immunitaires de l’organisme et, sur le long terme, de réduire l’inflammation de la muqueuse intestinale.
  • En complément, des antibiotiques peuvent être prescrits en cas d’infection ; ainsi qu’un traitement en fer, en cas d’anémie.

 

La chirurgie pour soigner les formes sévères de rectocolite hémorragique

Une intervention chirurgicale est parfois nécessaire, dans différents cas, bien que son recours ait largement diminué ces dernières années grâce à l’amélioration des traitements médicamenteux :

  • Lorsque les traitements médicamenteux ne sont pas suffisamment efficaces
  • Quand une hémorragie digestive ou une perforation du côlon se déclare : dans ces deux cas, l’intervention est urgente. 
  • Lorsqu’un cancer du côlon est détecté.

 

Le chirurgien peut être amené à retirer totalement le côlon (colectomie) ou le côlon et le rectum (coloprotectomie). Dans la plupart des cas, la technique utilisée est la coelioscopie : des petites incisions sont pratiquées sur la paroi de l’abdomen. Cette technique mini-invasive permet un rétablissement plus rapide, avec un risque diminué de complications et d’effets secondaires.

 

Conseil bien-être : 5 conseils pour mieux vivre avec une rectocolite hémorragique

En complément de votre suivi médical, certains comportements peuvent améliorer votre bien-être en cas de rectocolite hémorragique :

  • Pendant les périodes de poussées, évitez de consommer des aliments contenant des fibres. Puis, revenez progressivement à l’alimentation la plus équilibrée possible, afin d’éviter les carences.
  • Prenez rapidement rendez-vous avec votre médecin en cas de symptôme inhabituel comme de la fièvre.
  • N’interrompez jamais votre traitement et ne prenez aucun autre médicament sans le signaler à votre médecin, au préalable.
  • Ne prenez pas d’aspirine ni d’anti-inflammatoire non stéroïdien, contre-indiqués en cas de rectocolite hémorragique.
  • Veillez à effectuer vos examens de surveillance (rectoscopie, coloscopie…), nécessaires pour repérer et retirer toute lésion suspecte.
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