Prématurité, quand la naissance survient trop tôt

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Un bébé prématuré naît toutes les 8 minutes en France. Un phénomène en augmentation qui nécessite une prise en charge immédiate, plus ou moins longue et complexe. Tout savoir sur la prématurité.

 

La prématurité, qu’est-ce-que c’est ?

 

Une naissance est prématurée lorsqu’elle survient avant 37 semaines d’aménorrhée (SA, dont le calcul commence le premier jour des dernières règles) ou avant 8 mois de grossesse. En détail, lorsque le bébé naît entre 24 et 28 SA, on parle de très grande prématurité. De 28 à 32 SA, c’est une grande prématurité. Au-delà de 32 semaines jusqu’à 37 semaines, il s’agit d’une prématurité moyenne. 

 

Il existe deux types de prématurité : 

  • La prématurité spontanée, conséquence d’une rupture précoce des membranes ou d’un travail spontané qui démarre plus tôt. 
  • La prématurité induite. Là, c’est l’équipe obstétricale qui prend la décision de déclencher la naissance, en raison des risques que représente la poursuite de la grossesse pour la mère et/ou pour l’enfant. 

 

Chaque année, 60 000 bébés naissent prématurément en France, soit près de 8 % des naissances totales, un chiffre en hausse de 22 % depuis 15 ans (source SOS Préma).

 

Qu’est-ce-qui peut provoquer un accouchement prématuré ?

 

Que la prématurité soit spontanée ou induite, de nombreuses causes peuvent l’expliquer. Tour d’horizon.

 

Quand les signes de l’accouchement surviennent trop tôt

Cette situation peut s’expliquer par la rupture précoce des membranes ou de la poche des eaux, contenant le liquide amniotique dans lequel baigne le bébé pendant toute la grossesse. Il arrive que cette poche se rompe sans que le travail ait débuté, entraînant la naissance prématurée. 

Dans un tiers des cas, cette rupture est provoquée par une infection intra-utérine : la chorioamniotite, également appelée infection intra-amniotique, qui touche le placenta et/ou le liquide amniotique. S’il peut être posé pendant la grossesse et entraîner la prise d’antibiotiques adaptés, le diagnostic de cette infection intervient en général une fois les complications présentes. Les facteurs de risque sont ici multiples : tabagisme, consommation d’alcool ou de drogues durant la grossesse, vaginose bactérienne, infection sexuellement transmissible (IST)… 

Autre cause de prématurité spontanée ? Le travail débutant avant le terme prévu de la grossesse (soit 37 SA). Lorsque le travail débute, la poche des eaux n’est pas rompue. Pour cette cause aussi, la chorioamniotite s’avère la principale responsable. 

 

Prématurité suite à une décision médicale

Décider de procéder à la naissance avant le terme peut être en lien avec un état de santé fragilisé de la mère. L’équipe obstétricale peut décider de déclencher l’accouchement prématuré si : 

  • La future mère souffre d’hypertension.
  • La femme enceinte subit des hémorragies : le placenta prævia (lorsque le placenta est mal positionné), l’hématome rétro-placentaire également ou un saignement dont l’origine n’est pas déterminée.
  • La patiente est atteinte de diabète gestationnel, ce qui augmente les risques d’hypertension, de prééclampsie, de décollement du placenta, mais aussi un retard de croissance du fœtus.

 

La décision de déclencher la naissance peut également être prise en raison de l’état de santé du bébé : s’il présente un retard de croissance intra-utérin trop important, principalement. Autrement dit, son poids de naissance est trop petit par rapport à son âge gestationnel. C’est l’échographie réalisée pendant la grossesse qui permet d’identifier ce retard. Celui-ci peut être lié à des anomalies de vascularisation entre l’utérus et le placenta. Dans ce cas, le bébé n'a pas accès à tous les apports en nutriments et en oxygène, nécessaires pour se développer normalement. Des malformations ou la découverte d’une maladie génétique peut également justifier cette décision de l’équipe obstétricale. 

 

L’hypertension maternelle : une pathologie multi-risquée 

L’hypertension maternelle risque de provoquer de nombreuses complications : 

  • La prééclampsie : certaines protéines sont anormalement présentes dans les urines, manifestant des anomalies au niveau des reins.
  • L’éclampsie : rare, elle provoque des convulsions qui dévoilent un état de souffrance cérébrale. 
  • Le Hellp syndrome : une complication grave qui entraîne la destruction des globules rouges et des plaquettes sanguines.
  • L’hématome rétro-placentaire : le placenta se décolle prématurément, en laissant la place à un hématome.
  • Un retard de croissance intra-utérin du fœtus

 

L’hypertension maternelle est à l’origine d’environ 20 % des accouchements provoqués avant 32 semaines de grossesse (source Inserm).

 

Prématurité : les causes environnementales

D’autres facteurs, dits environnementaux, peuvent être à l’origine d’une naissance prématurée : 

  • Le tabac, qui augmente les risques d’hypertension maternelle, d’anomalies au niveau du placenta (hématome rétro-placentaire, placenta bas inséré), mais aussi de rupture prématurée des membranes. 
  • Le stress, qui peut déclencher la naissance prématurée par le travail précoce ou la rupture des membranes.
  • Des conditions de vie difficiles, qui peuvent avoir une influence sur la prématurité. 
  • L’âge, car le risque de prématurité augmente lorsque la mère a moins de 18 ans ou, au contraire, plus de 35 ans.

 

Bébé prématuré : pourquoi est-il vulnérable ?

 

La prématurité est définie en fonction de l’âge gestationnel. Ainsi, trois âges sont déterminés pour un bébé prématuré : 

  • Son âge gestationnel, compté en SA. Il correspond au terme de la grossesse au moment de sa venue au monde.
  • Son âge réel, comme un bébé né à terme. Il se compte en jours, semaines, mois.
  • Son âge post-menstruel (également appelé « âge corrigé »). C’est l’âge que le nourrisson devrait avoir s’il était né à terme. Cette indication sert de repère pour son développement. 

 

Prématurité : l’immaturité des organes, un risque majeur

 

Né plus tôt que prévu, le corps du bébé prématuré n’a pas eu le temps de se développer pour être prêt à la vie en-dehors de l’utérus. La plupart de ses organes sont immatures, pas suffisamment formés pour fonctionner de façon autonome. Plus la prématurité est grande, plus l’immaturité des organes l’est également. Il s’agit en particulier de :

  • L’immaturité pulmonaire. Normalement, les poumons sécrètent une substance appelée « surfactant », chargée de tapisser la surface des alvéoles pulmonaires et de contribuer ainsi à une bonne fonction respiratoire. En cas de prématurité, les poumons ne sont pas forcément capables de finaliser la production de surfactant, ce qui entraîne des difficultés respiratoires plus ou moins prononcées pour les bébés concernés.

 

  • L’immaturité du rythme cardiaque. Fréquemment sujets aux pauses respiratoires ou apnées, les nourrissons nés bien avant le terme subissent la réduction de la quantité d’oxygène transportée par les globules rouges. Leur fréquence cardiaque est également ralentie, ce qui augmente leur sensibilité à toute perturbation. 

 

  • L’immaturité du cerveau. A la tête du développement des fonctions neurologiques de l’enfant, le cerveau (ou système nerveux central) dispose de régions plus ou moins sensibles à la prématurité. Les séquelles peuvent être de gravité variable. 

 

  • L’immaturité digestive. Les besoins nutritionnels du bébé prématuré différent fortement de ceux d’un nouveau-né arrivé à terme, puisque ses différentes fonctions digestives ne sont pas complètement formée. Le sphincter inférieur de l’œsophage n’est pas encore capable d’empêcher le contenu de l’estomac de remonter, la capacité de l’estomac est restreinte, le diaphragme est susceptible de descendre en cas de difficultés respiratoires.... Si le lait maternel reste idéal, il doit parfois être complété d’un lait spécifique pour prématurés. 

 

  • L’immaturité hépatique. De nombreuses fonctions du foie sont concernées, entraînant une jaunisse pendant quelques jours.

 

  • L’immaturité rénale. Plusieurs fonctions rénales doivent encore se développer. Le volume et le contenu des urines du bébé prématuré sont donc à surveiller de près, pour pallier le manque de certains sels minéraux et hormones, notamment.

 

  • L’immaturité de la peau. Celle-ci est incapable d’assurer sa fonction barrière normale, entraînant des risques plus grands d’infections, de déshydratation et d’intoxication par certaines substances qui entrent en contact avec la peau.

 

  • L’immaturité de la régulation thermique. Plus un nouveau-né vient au monde prématurément, plus il risque de subir des pertes de chaleur, jusqu’à l’hypothermie qui peut s’avérer dangereuse. D’où la nécessité des couveuses ou incubateurs fermés.

 

Prématurité : quelle prise en charge ?

 

Dès leur naissance, les bébés prématurés sont pris en charge dans un service de néonatologie. Différents soins techniques, d’hygiène et de confort personnalisés leur sont prodigués. Ils nécessitent une médecine particulièrement précise, en raison de la surveillance de tous les instants qui doit être mise en place. Le service de néonatologie prend en charge la prématurité, mais aussi les complications qui peuvent lui être associées : retard de croissance, détresse respiratoire, infections, malformations, etc.  

 

Les maternités se distinguent en différents types, en fonction du degré de prise en charge de la prématurité : 

  • Maternité de type I : un service obstétrique, sans hospitalisation néonatale
  • Maternité de type II A : composée d’un service obstétrique et d’un service de pédiatrie néonatale, qui prend en charge les nouveau-nés prématurés ou à terme ayant besoin d’une courte hospitalisation. 
  • Maternité de type II B : dotée d’un service obstétrique, d’un service de pédiatrie néonatale et d’une unité de soins intensifs, qui prend généralement en charge les grossesses à risque et les menaces d’accouchement prématuré dès 32 SA.
  • Maternité de type III : avec un service de réanimation néonatale qui prend en charge les grossesses à risque quel que soit le terme, ainsi que les bébés prématurés dont les fonctions vitales sont atteintes et qui ont besoin de surveillance et de soins spécifiques. 

 

Prématuré : un parcours très médicalisé

En fonction de leur degré de prématurité, les bébés peuvent être conduits dans différents services : en réanimation néonatale en cas de grande prématurité accompagnée de complications, en soins intensifs lorsqu’ils sont stabilisés mais ont encore besoins de soins continuellement, ou en pédiatrie néonatale lorsqu’ils ont encore besoin de certains soins. 

 

Tout au long de leur parcours, différents professionnels de santé sont impliqués : pédiatres spécialisés en néonatologie, médecins spécialistes tels qu’ophtalmologues, cardiologues ou encore gastro-entérologues, mais aussi kinésithérapeutes, orthophonistes, psychomotriciens, psychologues, puéricultrices, infirmières, etc.

 

Prématurité : les équipements médicaux autour du bébé

 

Impressionnants à première vue, les différents équipements médicaux indispensables au maintien, à la croissance et au développement du bébé prématuré ont chacun une fonction bien précise :  

  • L’incubateur fermé ou couveuse. Ce « berceau fermé » en plastique transparent reproduit le plus fidèlement possible les conditions de vie intra-utérine du nouveau-né. Il aide à réguler sa température grâce à une sonde thermique placée au niveau du ventre ou du dos. De plus en plus modernisés, ces incubateurs permettent davantage d’interactions entre le tout-petit, ses parents et l’équipe soignante. 

 

  • Le ventilateur (ou respirateur). Il donne au bébé le débit d’oxygène dont il a besoin, grâce à un système de ventilation assistée ou artificielle. Ce ventilateur peut être relié au nouveau-né par le biais d’une sonde d’intubation (introduite par une narine jusque dans la trachée) ou par des canules nasales (petits tubes souples et légers introduits dans chaque narine à 1 cm). 

 

  • Les moniteurs (ou scopes). Ceux-ci affichent en permanence le rythme cardiaque, la fréquence respiratoire, la pression artérielle et le taux d’oxygène sanguin du bébé. Quand l’un des signes vitaux est anormal, un signal sonore atténué se déclenche au niveau de la station de surveillance centrale, où se trouvent les soignants.

 

  • L’oxymètre de pouls ou de saturation. Placé au niveau de la main ou du pied, il consiste en un capteur lumineux permettant de mesurer le taux d’oxygène transporté par les globules rouges, sans qu’il soit nécessaire de faire une prise de sang. 

 

  • La sonde naso-gastrique. Elle passe par la bouche ou par le nez jusque dans l’estomac du bébé, afin de le nourrir.

 

  • Les cathéters. Ces tuyaux très fins introduits par voies veineuses sont reliés à la pompe à perfusion et sont également indispensables pour nourrir le bébé ou lui administrer certains médicaments, lorsqu’il ne peut pas encore recevoir ces éléments par la bouche.

 

Parents : votre rôle est essentiel dans les soins apportés à votre bébé 

 

Dès le début de son hospitalisation, vous êtes en tant que parents accompagnés par l’équipe soignante qui vous apprend à participer aux soins prodigués à votre enfant, lorsque c’est possible. L’occasion de renforcer vos liens le plus tôt possible et de progressivement devenir autonomes dans votre manière de vous occuper de lui. 

 

Si son état de santé le permet, le peau-à-peau est un moyen incontournable de tisser des liens avec votre bébé, d’apprendre mutuellement à vous connaître, de le rassurer mais aussi de l’aider à mieux dormir et gérer la douleur lors d’un soin particulièrement désagréable pour lui. Découvrez dans cet article plus d’informations sur comment créer du lien avec votre bébé prématuré.

 

N’hésitez pas à poser toutes vos questions à l’équipe chargée de soigner votre bébé. Vous avez aussi la possibilité de demander un rendez-vous au pédiatre ou au psychologue, afin de discuter de façon individualisée. 

 

Prématurité : et après ?

 

En cas de naissance prématurée, et en particulier en cas de grande prématurité, les enfants concernés restent fragilisés, avec une sensibilité particulière face aux risques d’infections et d’agressions extérieures. C’est pourquoi le suivi spécifique se poursuit tout au long de leur petite enfance. Il peut être effectué par un membre de l’équipe de néonatologie, un pédiatre spécialisé, un CAMSP (Centre d'action médico-sociale précoce), ou dans le cadre d’un réseau de suivi.

 

En fonction de leur développement, ces enfants peuvent être amenés à consulter différents professionnels de santé : orthophoniste, kinésithérapeute, psychothérapeute, psychomotricien, ophtalmologue, ergothérapeute, etc.

Rassurez-vous, cet encadrement humain et matériel dès sa naissance permet au bébé prématuré de se réadapter et de poursuivre normalement son développement par la suite, d’autant plus en cas de prématurité moyenne.

 

Prévenir la prématurité ? Le suivi de grossesse et le repos sont essentiels !

 

Pour éviter une naissance prématurée, il est indispensable d’être suivie par un gynécologue obstétricien ou une sage-femme tout au long de sa grossesse, mois par mois, de manière à détecter le moindre signal d’alerte et réagir à temps.

 

Pour prévenir au maximum le risque de naissance prématurée, misez aussi sur une alimentation saine, zéro tabac (même passif) et substances psychoactives. Vous reposer autant que possible et dès que l’on en ressent le besoin est également essentiel.