MICI : à la rencontre de la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique

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Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) concernent plus de 200 000 patients en France. Pour la journée mondiale qui leur est consacrée le 19 mai, zoom sur leurs deux principales pathologies : la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique. 

 

 

Les MICI, qu’est-ce-que c’est ?

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) regroupent en réalité deux pathologies : la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique (RCH, également appelée rectocolite ulcéreuse). Plus fréquentes dans les pays occidentaux, elles surviennent le plus souvent entre 20 et 30 ans. Néanmoins, elles peuvent aussi toucher les enfants : 15% d’entre eux sont concernés, dont la majorité par la maladie de Crohn. 

Concrètement, les MICI se définissent par l’inflammation chronique de zones de la paroi digestive. Elles se manifestent par des « poussées » : une phase d’activité intense de l’inflammation ou une crise ; alternant avec des périodes dites « de rémission » durant lesquelles les symptômes sont « en pause ». Si les MICI conservent encore des mystères sur leur origine, l’hypothèse la plus probable est qu’elles seraient provoquées par une réponse anormale des défenses immunitaires intestinales à la flore bactérienne de patients génétiquement prédisposés. 

Une MICI évoluant depuis 10 ans multiplie par 2 à 2,5 les risques d’apparition du cancer colorectal, particulièrement favorisé par les lésions provoquées par les inflammations successives. Ce chiffre passe à 5 après 30 ans d’évolution de la maladie.

 

 

La maladie de Crohn, MICI la plus répandue

L’inflammation provoquée par cette pathologie chronique peut toucher les parois de l’ensemble du tube digestif : de la bouche jusqu’à l’anus. Mais dans la plupart des cas, elle concerne surtout la partie terminale de l’intestin grêle qui relie l’estomac au gros intestin ; ainsi que ce dernier et l’anus. 

Les phases d’activité ou « poussées » de la maladie de Crohn sont d’intensité et de durée variables. Cette pathologie concerne près d’une personne sur 1000 en France, dont une légère majorité de femmes. Si l’âge moyen de déclaration de la maladie se situe entre 20 et 30 ans, elle peut néanmoins démarrer bien plus tôt : entre 12 et 14 ans, en moyenne. 

 

 

Maladie de Crohn : quelles en sont les causes ?

Elles ne sont pas encore totalement connues à ce jour. Néanmoins, certains facteurs identifiés favorisent l’apparition de cette maladie : 

  • La prédisposition génétique : certains gènes prédisposant à la maladie de Crohn ont été mis en évidence par des recherches scientifiques. En outre, certaines mutations de gènes augmentent les risques de sa survenue.
  • Un déséquilibre entre le système immunitaire et la flore intestinale, évoqué précédemment : les défenses immunitaires propres à l’intestin réagissent anormalement contre les bactéries présentes dans le tube digestif. Ce qui finit par provoquer l’inflammation de la paroi intestinale, caractéristique de la maladie de Crohn et des MICI.
  • Des facteurs environnementaux comme le tabagisme augmente le risque de survenue des poussées, ainsi que leur sévérité ; et, de surcroît, complique la prise en charge.

 

 

Maladie de Crohn : quels symptômes ?

L’inflammation de la muqueuse fragilise de plus en plus cette dernière, jusqu’à provoquer des ulcères plus ou moins profonds et pouvant aller jusqu’à la perforation. Cette dernière peut elle-même provoquer des abcès, voire une péritonite (inflammation aiguë et généralisée), des fistules (liens anormaux qui se créent entre deux organes) ou une sténose (rétrécissements de zones du tube digestif provoqués par l’inflammation) pouvant provoquer une occlusion intestinale. 

D’autres symptômes peuvent être rencontrés : 

  • Proctologiques : suintements, douleurs ou fissures anales
  • Diarrhées récurrentes, parfois sanglantes
  • Douleurs abdominales
  • Perte de poids
  • Aphtes 
  • Douleurs articulaires touchant essentiellement les chevilles, les poignets, les genoux… 
  • Apparition de nodules sous-cutanés inflammatoires (ou érythèmes noueux), au niveau des jambes et des avant-bras, en particulier
  • Grande fatigue
  • Fièvre, notamment en cas de formation d’un abcès
  • Chez l’enfant, la maladie de Crohn peut être responsable d’un retard de croissance.

 

 

La rectocolite hémorragique, encore plus localisée

Cette MICI se définit par le même rythme d’inflammation des parois du tube digestif (poussées) alternant avec les périodes d’accalmie. Différences majeures avec la maladie de Crohn ? L’inflammation touche la partie basse du rectum (la maladie est alors appelée rectite) ainsi que le sigmoïde (recto-sigmoïdite), et remonte plus ou moins dans le côlon, sans intervalle de muqueuse saine et sans atteindre l’intestin. Enfin, cette inflammation de la muqueuse est parfois continue, et ne cesse alors d’évoluer, avec les lésions et les risques de complications que cela implique.

Si cette maladie concerne moins de patients que la maladie de Crohn, elle atteint de plus en plus les adolescents, tandis que son incidence reste stable chez les adultes. Les hommes sont davantage touchés que les femmes. 

 

 

Rectocolite hémorragique : quelles en sont les causes ?

Comme pour la maladie de Crohn, la réaction anormale du système immunitaire envers les bactéries présentes dans le tube digestif est essentiellement en cause. À cela, s’ajoutent les prédispositions génétiques, bien que leur présence n’augmente pas significativement les risques d’apparition de la rectocolite hémorragique. 

En revanche, les facteurs environnementaux sont à l’étude, en raison de l’augmentation considérable des nouveaux cas dans les pays en cours d’industrialisation. La pollution, l’alimentation et le stress sont particulièrement pointés du doigt. 

 

 

Rectocolite hémorragique : quels symptômes ?

Ils se distinguent en différents types. À commencer par les symptômes digestifs : 

  • Saignements par l’anus (rectorragies)
  • Ecoulements de glaires sanglantes
  • Fausses envies pressantes d’aller à la selle
  • Douleurs rectales et anales avec contracture du sphincter
  • Douleurs abdominales
  • Diarrhées sanglantes et contenant des glaires, plus ou moins fréquentes (entre 4 et 20 par jour, en fonction de l’étendue des lésions).

D’autres symptômes généraux apparaissent par la suite : fatigue, perte de poids, fièvre et carence en fer (anémie). Mais aussi, moins fréquents : 

  • Douleurs articulaires (au niveau des chevilles, genoux, poignets…)
  • Jaunisse
  • Aphtes
  • Psoriasis.

 

 

MICI : quelle prise en charge ? 

Plusieurs examens sont d’abord nécessaires pour diagnostiquer la maladie. La prise de sang fait partie des indispensables. Elle s’accompagne généralement d’une gastroscopie et/ou d’une coloscopie qui permettent de visualiser l’étendue de l’inflammation sur l’ensemble de la muqueuse intestinale et d’effectuer une biopsie.  

Puis, un traitement adapté est prescrit par votre gastro-entérologue. Son objectif est de réduire voire éliminer les symptômes, et de diminuer l’inflammation. Plusieurs médicaments composent ce traitement : 

  • Les médicaments anti-inflammatoires permettent de contrôler les MICI de façon durable, en prévenant l’apparition des poussées et en prolongeant les phases de rémission. De plus, ce traitement favorise la cicatrisation des lésions. Les médicaments prescrits diffèrent en fonction de la pathologie concernée : les corticoïdes sont privilégiés en cas de maladie de Crohn ; les 5‑aminosalicylés (5‑ASA) pour la rectocolite hémorragique.
  •  Les immunosuppresseurs ou immunomodulateurs qui agissent de manière ciblée sur le système immunitaire et permettent de réduire les réactions inflammatoires. Et donc d’éviter la formation de nouvelles lésions. 
  • Ils sont généralement associés à des biothérapies qui ont aussi un impact sur le système immunitaire et ses défenses. 
  • La chirurgie est un recours auquel un nombre important de patients finit par faire appel : plus d’un sur 2 après 10 ans d’évolution de leur maladie. Pour les deux MICI, l’intervention consiste à réséquer la partie la plus abîmée de la muqueuse intestinale, ou à réparer une complication. En cas de maladie de Crohn, la longueur des segments intestinaux retirés est limitée un maximum, en particulier au niveau de l’intestin grêle. Dans la rectocolite hémorragique, les zones touchées sont situées dans la même zone : le chirurgien peut donc pratiquer une résection complète ou quasi-complète du côlon et du rectum. Dans les deux cas, des raccordements sont généralement nécessaires.