La schizophrénie, une psychose à plusieurs facettes

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Délires, hallucinations, retrait social… Les symptômes de la schizophrénie sont multiples et parfois confondus avec d’autres maladies psychiatriques. Cette psychose peut être atténuée si elle est correctement prise en charge. Décryptage.

 

Qu’est-ce que la schizophrénie ?

La schizophrénie est une maladie psychiatrique chronique classée parmi les troubles psychotiques. Environ 600 000 personnes en sont atteintes en France, avec des évolutions qui varient d’un patient à l’autre. Très invalidante, la schizophrénie nécessite une prise en charge et des soins sur le long terme, voire à vie. 

Les patients schizophrènes ont une perception perturbée de la réalité, qui se manifeste de différentes manières : de l’isolement social aux hallucinations, jusqu’à la tentative de suicide, pour près de la moitié d’entre eux.

La schizophrénie démarre à la suite d’un épisode psychotique dit « inaugural », qui a généralement lieu entre 15 et 25 ans. Toutefois, elle débute souvent plus tôt, mais sous une forme atténuée et difficilement perceptible.

 

Schizophrénie : quels symptômes ?

En raison de leur grande diversité d’un patient à l’autre, les symptômes de la schizophrénie se classent en trois catégories :

  • Les symptômes productifs ou positifs. Ils regroupent l’ensemble des délires (idées délirantes ou extravagantes) et hallucinations (qui peuvent concerner les cinq sens) plus ou moins impressionnants, qui traduisent souvent un sentiment de persécution (autrement dit de « paranoïa ») ou de mégalomanie.
  • Les symptômes négatifs ou déficitaires. Ceux-ci se manifestent par un isolement progressif du patient, une diminution de ses capacités à communiquer et une apathie faisant penser à un état dépressif. Durant cette phase, ses fonctions émotionnelles et affectives régressent.
  • Les symptômes dissociatifs. Ici, les pensées, les discours, les émotions et les comportements sont désorganisés, souvent incohérents et illogiques. Difficultés à être attentif, à se concentrer, à mémoriser, à comprendre et se faire comprendre en découlent. Des tâches simples à réaliser (comme faire des courses ou travailler) peuvent devenir difficiles.  

 

Durant l’adolescence de votre enfant, période critique pendant laquelle la schizophrénie se déclare le plus, certains signes doivent vous alerter et vous inciter à lui faire consulter un psychiatre :

  • Vous constatez une modification ou un changement du comportement de votre enfant.
  • Il s’isole socialement.
  • Ses résultats scolaires connaissent une baisse significative.
  • Il se détourne ou arrête certaines activités qu’il avait l’habitude de pratiquer.
  • Il développe certaines idées étranges et inhabituelles : sentiment de persécution, attrait pour la télépathie ou certaines idées mystiques…
  • Certaines de ses perceptions sensorielles (cinq sens) sont altérées.
  • Il ne parvient plus à réfléchir normalement.

 

Schizophrénie : quels sont les facteurs de risques ?

Bien qu’elle soit multifactorielle, cette pathologie s’explique en partie par des causes génétiques associées à l’environnement. Ainsi, certaines variations génétiques rendraient plus vulnérable aux impacts environnementaux et exposeraient donc davantage à la schizophrénie. Plus précisément, les risques seraient accrus en cas de mutation de certains gènes essentiels à la plasticité du cerveau.

 

Concernant la responsabilité de certains facteurs environnementaux, elle est avérée :

  • Le stress perturbe certains mécanismes neurologiques dans différentes structures cérébrales (hippocampe, amygdale ou cortex préfrontal notamment) et augmente les risques de développer un trouble psychotique.
  • La consommation de substances psychogènes perturbe la maturation cérébrale en activant certains récepteurs neuronaux, directement impliqués dans les maladies psychiatriques. Ainsi, la consommation régulière de cannabis durant l’adolescence (période décisive pour le bon fonctionnement cérébral) multiplie par deux le risque de développer une schizophrénie.
  • La qualité du sommeil et de la nutrition jouerait aussi un rôle déterminant dans l’apparition de la pathologie. 

 

La schizophrénie, souvent confondue avec d’autres maladies psychiatriques

Les premiers symptômes atténués sont révélateurs d’un risque d’évolution vers un trouble psychotique en général, pas forcément la schizophrénie. C’est ce qui rend le diagnostic de cette pathologie particulièrement complexe : la diversité de ses symptômes entraîne souvent la confusion avec d’autres troubles, comme la dépression, les troubles anxieux sévères, ou encore les troubles bipolaires.

 

Schizophrénie : une rémission possible avec un diagnostic précoce

C’est prouvé, une prise en charge précoce, dès l’apparition des symptômes avant-coureurs de la maladie, limite les risques que la schizophrénie devienne chronique. Elle augmente les chances de rémission.

 

Les traitements médicamenteux de la schizophrénie

Lorsque le premier épisode psychotique se déclare, une prise en charge multidisciplinaire est nécessaire. Parmi ses volets incontournables, le traitement à base de médicaments permet d’atténuer les symptômes et de réduire les risques de rechute, à condition toutefois qu’il soit pris régulièrement (généralement dans un cadre hospitalier pour la première période d’administration) et qu’il soit associé à une bonne hygiène et qualité de vie.

 

Ce traitement consiste en la prise d’antipsychotiques de 2e génération (sous forme d’injections à action prolongée), pouvant être associés à des antidépresseurs ou des anxiolytiques, en fonction des symptômes du patient.

 

Les bienfaits des thérapies psychosociales

Difficultés cognitives, perte d’autonomie, retrait social… Toutes ces conséquences de la schizophrénie nécessitent des soins psychosociaux en parallèle des médicaments. En rendant le patient acteur de sa prise en charge, les thérapies psychosociales peuvent l’aider à trouver en lui les ressources nécessaires pour progresser et améliorer son quotidien.

 

Elles peuvent prendre plusieurs formes, dont deux particulièrement recommandées :

  • La thérapie cognitivo-comportementale (TCC). Elle permet au patient de mieux gérer ses symptômes, en se concentrant sur certaines de leurs conséquences. Angoisse, gestion du stress, hygiène de vie, motivation à aller vers les autres, réduction de sa consommation de cannabis…
  • La psychoéducation ou éducation thérapeutique du patient (ETP). Celle-ci lui permet de mieux connaître et comprendre sa maladie, ainsi que ses symptômes, son traitement mais aussi sa santé d’une manière générale.

 

Focus bien-être. Vivre avec un schizophrène, l’enjeu de la psychoéducation familiale

Comment réagir si l’un de vos proches traverse une crise d’angoisse ? Comment adopter une attitude adéquate face à la schizophrénie dont il souffre ? Quels sont les meilleurs moyens de le soutenir ? La psychoéducation familiale vise à répondre à toutes ces questions. Son objectif est d’accompagner la famille du patient et l’aider à mieux comprendre ce qu’il traverse au quotidien. De quoi donner des clés aux proches afin qu’ils puissent soutenir au mieux le malade et détecter une éventuelle rechute.