Obésité : et si on révisait nos préjugés sur cette maladie ?

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La journée mondiale contre l’obésité, le 4 mars, est l’occasion de parler sans tabou de cette maladie encore sujette à de nombreux préjugés. Qu’est-ce qu’est vraiment l’obésité ? Comment l’expliquer et la soigner ? Eclairage.

 

Obésité : qu’est-ce-que c’est ?

L’obésité est une maladie caractérisée par un déséquilibre entre les apports et les dépenses énergétiques, provoquant un excès de masse grasse dans l’organisme, ce qui entraîne une modification des tissus adipeux (chargés de stocker les graisses), ainsi que de nombreuses conséquences néfastes sur la santé.

L’obésité peut être évaluée à l’aide de l’IMC (Indice de masse corporelle), qui se calcule en divisant votre poids (en kg) par le carré de votre taille (en cm). On parle d’obésité lorsque cet indice dépasse 30. Pour autant, ce seul critère ne suffit pas, car la répartition de la masse grasse peut varier d’un individu à l’autre. C’est pourquoi la mesure du tour de taille est également nécessaire : elle indique le degré d’excès de graisse autour des viscères (région abdominale). On parle d’obésité abdominale lorsque le tour de taille est supérieur à 100 cm chez un homme et 88 cm chez une femme (non enceinte). 

On estime que 17 % des adultes sont concernés par l’obésité en France. Cette maladie est la 5e cause de mortalité selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé).   

 

Obésité : quelles en sont les causes ?

Les causes sont multiples et certains facteurs ne sont pas encore complètement identifiés. Si l’alimentation et le mode de vie (alimentation riche et industrielle, portions importantes, sédentarité, augmentation du temps passé sur écrans…) en font incontestablement partie, ils ne suffisent pas à expliquer l’obésité. En effet, certains individus adoptant ce même mode de vie, ne prennent pas forcément autant de poids.

L’environnement et le mode de vie pèsent sur la balance à plus d’un titre. Sommeil insuffisant, repas irréguliers ou encore travail nocturne perturbent l’horloge biologique réglée sur 24 heures, et augmentent les risques d’obésité. Autres éléments perturbateurs à ne pas négliger : le stress, la prise de certains médicaments, la composition du microbiote intestinal et l’exposition à des polluants.  

Avant même la naissance, certains facteurs de risques entrent en jeu : le tabagisme ou le surpoids maternels, le diabète gestationnel, le déficit ou l’excès de croissance du fœtus…

Enfin, l’obésité fait l’objet dans certains cas d’une prédisposition génétique. Un patient dont certains membres de sa famille sont obèses a 2 à 8 fois plus de probabilité de le devenir à son tour. Plusieurs gènes sont impliqués dans la prise de poids, l’obésité sévère et ses complications et sont d’autant plus influents qu’ils interagissent avec d’autres facteurs. 

 

Obésité : quelles sont les complications ?

Les complications de l’obésité sont nombreuses et plus ou moins sévères : 

  • Un diabète de type 2
  • Une maladie cardiaque
  • Des maladies du foie, en particulier la stéatohépatite non-alcoolique
  • Des maladies respiratoires : syndrome d’apnée du sommeil, hypoventilation…
  • Des maladies articulaires telles que l’arthrose
  • De l’hypertension artérielle
  • La maladie rénale chronique
  • Des cancers : entre 7 et 41 % d’entre eux sont liés à l’obésité, selon leur localisation ; en particulier en cas de cancer du sein, de l’utérus et du foie.
  • Des troubles hormonaux, avec des répercussions sur les cycles menstruels, notamment.

Sans compter les répercussions psychologiques et sociales que l’obésité peut entraîner.

 

Obésité : quelle prise en charge ?

Pour soigner l’obésité, il est nécessaire de prendre plusieurs aspects en compte, dont les complications qui lui sont associées, ainsi que les aspects psychologique et comportemental. C’est pourquoi l’accompagnement est toujours individualisé et se déroule sur plusieurs années, en collaboration avec plusieurs professionnels : gastro-entérologue, diététicien, psychologue, professeur de sport ou entraîneur sportif. 

Dans tous les cas, une activité physique adaptée à l’état de santé du patient et une perte de poids de 5 % par an sont recommandées.

 

Obésité : des médicaments en développement et la chirurgie en plein essor

Les médicaments pour soigner l’obésité sont actuellement limités, de même que leur efficacité. Toutefois, les recherches se poursuivent et de grands espoirs sont fondés, notamment autour du traitement de l’obésité génétique. 

En parallèle, le recours à la chirurgie bariatrique se développe, bien que réservée aux formes d’obésité sévères et associées à des complications. 

Avoir recours à la chirurgie pour soigner l’obésité n’est pas une décision à prendre à la légère : quelle que soit la technique utilisée, elle entraîne des contraintes diététiques plus ou moins lourdes.

Trois techniques de chirurgie bariatrique se distinguent : 

  • La gastrectomie longitudinale (sleeve). La plus utilisée actuellement, cette technique consiste à réduire l’estomac par section verticale, afin d’atteindre plus vite la sensation de satiété.
  • Le court-circuit gastrique (bypass). L’estomac est relié à une portion d’intestin grêle pour réduire le temps passé par les aliments au sein de cet organe lors de la digestion. 
  • L’anneau gastrique. Cette technique est de moins en moins utilisée en chirurgie bariatrique. Elle consiste à positionner un anneau autour de la partie supérieure de l’estomac, afin de ralentir, et donc réduire, le passage des aliments.

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Obésité : où en est la recherche ?

Plusieurs recherches portent sur les tissus adipeux responsables du stock de réserves énergétiques, sous forme de graisses. L’enjeu de ces recherches est de mieux analyser ces tissus afin de déterminer si leur composition et des facteurs extérieurs pourraient amplifier leur capacité à stocker les graisses, mais aussi s’il serait possible de les modifier de manière à réduire le stockage de ces graisses. 

Des recherches dans le champ de l’épigénétique (l'étude des changements dans l'activité des gènes) sont également très prometteuses. Certains facteurs comme l’environnement entraîneraient en effet des modifications chimiques de l’ADN qui pourraient favoriser l’obésité. En déterminer les marqueurs permettrait d’organiser une médecine prédictive et préventive. 

Les liens entre obésité et disfonctionnement de l’horloge biologique sont également avérés, mais restent à détailler : c’est un autre objet de Recherche neuroscientifique qui porte sur les mécanismes qui conduisent le cerveau à ne plus pouvoir freiner l’absorption d’aliments, sans pour autant augmenter la dépense énergétique. 

Enfin, des recherches autour du rôle de l’intestin, des hormones sécrétées par le tube digestif et du microbiote intestinal dans la prise de poids. On sait déjà que la composition, les fonctions et la richesse de ce microbiote peuvent influencer le développement de certaines maladies métaboliques, dont l’obésité. Un nouveau monde s’ouvre !