Scoliose et cyphose : les principales déformations rachidiennes

La cyphose et la scoliose, courbure ou incurvation de la colonne vertébrale
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Scoliose et cyphose : les principales déformations rachidiennes
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Courbure ou incurvation de la colonne vertébrale, la cyphose et la scoliose sont rarement douloureuses mais peuvent entraîner une gêne et s’aggraver si elles ne sont pas prises en charge. Focus. 

 

Qu’est-ce-que la cyphose et la scoliose ?

Si elle paraît droite vue de face, la colonne vertébrale (qui comporte 33 os) est pourtant, et naturellement, légèrement courbée de différentes manières, sur chacun de ses composants osseux. Ces derniers sont les rachis, eux-mêmes répartis en trois ensembles :

  • Le rachis cervical qui appartient à la région du cou,

  • Le rachis thoracique qui concerne la région du thorax,

  • Le rachis lombaire pour la région de l’abdomen.

C’est l’alternance de ces courbures qui permet à la colonne vertébrale d’être plus résistante et d’améliorer l’équilibre de l’ensemble du corps. Elles sont donc physiologiques et parfaitement normales : on parle de lordose (pour l’incurvation des rachis cervical et lombaire) et de cyphose (pour la courbure du rachis thoracique).

La cyphose : une courbure normale ou pathologique

A l’état normal, la cyphose correspond donc à la courbure physiologique du rachis thoracique, lui donnant un aspect arrondi voire voûté vu de profil. Mais d’autres critères comptent pour sa normalité :

  • La cyphose doit être située dans le haut du dos

  • Elle doit être bien répartie entre plusieurs vertèbres (10 à 12)

  • Son angle, mesurable grâce à une radiographie, doit être compris entre 15 et 50°

  • Sa courbure doit être adaptée à celle du rachis lombaire, juste en-dessous

 

Lorsque l’une de ces conditions n’est pas remplie, la cyphose devient pathologique et l’on peut alors considérer qu’il y a déformation rachidienne. On parle d’hypercyphose thoracique qui peut être d’origine posturale (causée par de mauvaises postures) ou rigides : de cause inconnue, liée à un trouble du développement des vertèbres apparaissant à l’adolescence, ou à une maladie plus rare. Ses principaux symptômes sont :

  • Une bosse au niveau du rachis thoracique (haut du dos)

  • La tête penchée en avant par rapport au reste du corps

  • Hauteur du dos plus élevée que la normale lorsqu’on se tient penché en avant

  • Muscles tendus à l’arrière de la cuisse

  • Douleurs au dos

 

Plusieurs examens permettent de diagnostiquer l’hypercyphose ou cyphose pathologique : examen clinique bien sûr, mais aussi imagerie médicale adaptée (radiographie, EOS préconisée pour les enfants vue sa faible teneur en rayons, IRM, tomodensitométrie) et bilans sanguins. 

La scoliose : une déformation anormale qui apparaît pendant la croissance

Cette pathologie se caractérise par l’incurvation en C ou en S de la colonne vertébrale : cette dernière peut s’incurver sur la droite, la gauche, voire des deux côtés (scoliose double). Elle se situe au niveau des rachis thoracique, lombaire, ou des deux.

 

La scoliose peut apparaître à tout moment de la croissance, bien qu’elle se déclenche généralement à l’adolescence. Quand elle survient à l’âge adulte, c’est généralement à la suite d’une pathologie : paralysie, maladie ou dégénérescence musculaire. 80% des patients souffrant d’une scoliose sont des femmes.

 

L’intensité de la scoliose varie d’une personne à l’autre, la rendant plus difficilement détectable lorsqu’elle est légère et accompagnée de peu voire pas d’autres symptômes. Mais sans prise en charge ni repérage, la scoliose risque d’évoluer : l’incurvation s’intensifie et d’autres symptômes l’accompagnent :

  • Douleurs diverses au dos

  • Fatigue

  • Engourdissement

  • Difficultés respiratoires et/ou cardiaques dans les cas les plus graves où la scoliose provoque une déformation de la cage thoracique

 

Pour la diagnostiquer et évaluer sa gravité c’est ici encore la radiographie qui s’avère le moyen le plus efficace. L’angle de l’incurvation est un facteur déterminant : s’il est inférieur à 40°, la scoliose est légère ; s’il est égal ou supérieur à 60°, elle est sévère et généralement invalidante.

Comment prendre en charge la cyphose et la scoliose ?

En fonction de l’âge du patient et de l’intensité de sa déformation, plusieurs prises en charge sont possibles.

Le port du corset et la kinésithérapie

Pour les plus jeunes, le port d’un corset pendant environ 4 semaines, associé à des séances de kinésithérapie ou d’ostéopathie, s’avèrent particulièrement efficaces pour ralentir la progression d’une cyphose, assouplir les structures musculo-ligamentaires et corriger ses postures, lorsque de mauvaises habitudes posturales sont à l’origine de la cyphose.

 

En revanche, cette prise en charge est moins recommandée pour des patients âgés, dont les déformations sont généralement trop importantes pour pouvoir en bénéficier. Toutefois, le port d’un corset pour des patients âgés atteints de scoliose peut aider à soulager les douleurs, en fonction des cas.

 

Lors des séances de kinésithérapie ou d’ostéopathie, l’accent est particulièrement mis sur les objectifs suivants :

  • Renforcer sa musculature dorsale

  • Travailler son mécanisme respiratoire (en particulier l’inspiration)

  • Fortifier ses extenseurs musculaires

 

Ces séances aident généralement à diminuer les douleurs et peuvent être associées à des cures de calcium et de vitamine D, qui permettent de renforcer les os.

L’intervention chirurgicale

Rare durant l’enfance, elle est néanmoins nécessaire lorsque l’angle de la courbure ou de l’incurvation est supérieur à 80°. Plusieurs traitements chirurgicaux sont envisageables, en fonction des cas :

  • Durant l’enfance, des tiges de croissance peuvent être implantées par le chirurgien orthopédique et réajustées au fil de la croissance, jusqu’à sa maturité du squelette. Ces tiges sont placées sous la peau du dos et attachées à la colonne vertébrale en deux endroits : au-dessus et en-dessous de la courbe problématique.

  • Après la puberté, l’arthrodèse (qui consiste en une fusion vertébrale) est l’intervention la plus courante : des vis sont implantées dans les vertèbres et alignées sur des tiges en métal pour rectifier la courbure. Une greffe osseuse est également nécessaire en complément pour permettre aux vertèbres de fusionner et à la correction d’avoir lieu.

  • L’opération de la scoliose possède des points communs avec la précédente. Mais l’intervention ne peut avoir lieu qu’une fois la croissance achevée car la technique utilisée empêche la colonne vertébrale de grandir. L’opération consiste à la rigidifier et à la rendre la plus droite possible. Pour ce faire, le chirurgien retire un ou plusieurs disques vertébraux, les remplace par des fragments d’os pouvant être prélevés au niveau du bassin, et pose des tiges métalliques le long de la colonne pour aider à consolider, maintenir l’ensemble et encourager le processus d’ossification.

 

On résume… Scoliose et (hyper)cyphose sont deux des principales déformations rachidiennes pouvant survenir dès le début de la croissance. Heureusement, il est plutôt rare qu’elles soient diagnostiquées tardivement et peuvent généralement être corrigées ou diminuées par le port d’un corset associé à des séances de kinésithérapie ou d’ostéopathie. Une intervention chirurgicale représente un traitement lourd, qui ne peut être prescrit que dans les cas les plus graves, qui restent rares.

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