La cirrhose du foie, une maladie grave et irréversible

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La cirrhose est une maladie grave du foie aux multiples conséquences sur la santé. Quelles en sont les causes ? Comment la reconnaître et la traiter ? Explications.

 

Cirrhose du foie : qu’est-ce que c’est ?

La cirrhose est une maladie grave et irréversible du foie qui conduit à la perte des fonctions de cet organe, du fait d’une inflammation chronique qui entraîne la destruction des cellules hépatiques et leur régénération anormale. Des nodules entourés par une fibrose hépatique (tissu fibreux) apparaissent alors. Près de 200 000 personnes sont concernées en France par la cirrhose du foie, dont 30% ont atteint le stade sévère de la maladie, d’après l’Inserm. Cette maladie est généralement diagnostiquée à l’âge de 50 ans et après. 

 

Quel est le rôle du foie ?

Le foie est un organe essentiel du tube digestif, qui possède de multiples fonctions : 

  • Il synthétise et sécrète la bile.

  • Il stocke le glucose. 

  • Il contribue à la production des protides, des glucides, des lipides et de certains éléments de la coagulation sanguine.

  • Il dégrade plusieurs éléments : le cholestérol, les toxines, les médicaments et les produits toxiques pour l’organisme. 

 

Les causes de la cirrhose du foie

Principale cause de la cirrhose ? La consommation excessive d’alcool dans 50 à 75% des cas, selon l’Assurance maladie. MAis d’autres causes, moins fréquentes toutefois, sont possibles : 

  • Une hépatite virale chronique, comme l’hépatite C et l’hépatite B. 

  • La stéatose hépatique non alcoolique (ou NASH : Non Alcoolic Steato Hepatitis) également surnommée maladie du foie gras non alcoolique, qui peut survenir chez les patients présentant un syndrome métabolique, qui se caractérise par plusieurs symptômes associés : trouble glucidique (comme le diabète de type 2 avec résistance à l’insuline), lipidique ou vasculaire, surpoids ou obésité. Avec la NASH, les graisses s’accumulent dans le foie, en plus d’une inflammation de ce dernier. Elle finit par évoluer vers une fibrose, puis une cirrhose. 

  • Plus rarement, l’hémochromatose génétique qui est due à une accumulation de fer dans les organes, en particulier le foie. 

  • Encore plus rarement, la cirrhose peut aussi être provoquée par certaines maladies auto-immunes comme la cirrhose biliaire primitive qui détruit progressivement les canaux du foie chargés de transporter la bile. 

Quelle que soit la cause de la cirrhose du foie, le tabagisme est un facteur toxique aggravant. 

 

Cirrhose du foie : les évolutions possibles

La cirrhose peut être stable et son évolution ralentie par un changement d’hygiène de vie et sa prise en charge, mais elle ne peut pas régresser. Lorsqu’elle est évolutive, elle peut donner lieu à plusieurs complications sans prise en charge précoce : 

  • L’insuffisance hépatocellulaire : petit à petit, le foie ne remplit plus ses fonctions normales et vitales. 

  • L’hypertension portale : la fibrose hépatique et les nodules provoquent une pression anormale à l’intérieur du système veineux conduisant le sang depuis l’appareil digestif jusqu’au foie. Cette hypertension favorise la formation de varices pouvant saigner dans l’œsophage. 

  • Le cancer du foie peut survenir dans les 15 à 20 ans qui suivent l’apparition d’une cirrhose. 

 

Cirrhose du foie : quels sont les symptômes ?

Pendant plusieurs années, la cirrhose évolue sans symptômes : on parle alors du stade de cirrhose compensée. Le diagnostic est généralement réalisé lors d’une consultation médicale pour une autre raison. Mais parfois, des symptômes généraux et non spécifiques poussent à effectuer des examens complémentaires pouvant mener au verdict : 

  • Fatigue ; 

  • Crampes musculaires ; 

  • Perte d’appétit ;

  • Perte de poids ; 

  • Nausées et vomissements…

Sans prise en charge médicale précoce, la cirrhose évolue vers le stade dit de décompensation, au cours duquel des symptômes en lien avec les complications de la cirrhose se déclarent : vomissements sanglants, sang dans les selles, abdomen dilaté, jaunisse… 

 

Les complications de la cirrhose du foie

Lors de la décompensation de la cirrhose, plusieurs complications peuvent survenir : 

  • Une ascite : l’accumulation de liquide clair dans le péritoine qui fait augmenter l’abdomen de volume.

  • Un ictère ou une jaunisse qui se manifeste par la coloration jaunâtre des yeux et de la peau et qui rend les urines plus foncées.

  • Des varices œsophagiennes peuvent se former en cas d’hypertension portale. Avec un risque sérieux d’hémorragie si l’une d’elles se rompt. Une telle situation peut se manifester par du sang dans les selles, une anémie par carence en fer ou des vomissements sanglants en cas d’hémorragie abondante. 

  • Des infections bactériennes plus fréquentes en raison de la défaillance du système immunitaire : cystite, pneumonie, infection du liquide présent en cas d’ascite, etc. 

  • Une insuffisance rénale aiguë en cas d’hémorragie ou d’infection.

  • Des troubles neurologiques liés à une encéphalopathie hépatique : maladie diffuse de l’encéphale causée par l’incapacité du foie à éliminer l’ammoniac produit par les bactéries du système digestif.

  • Un cancer du foie : une complication qui concerne surtout les cirrhoses datant de plus d’une quinzaine d’années. L’un des nodules évolue alors sous forme maligne.   

 

La prise en charge de la cirrhose du foie

Notons que le dépistage de la cirrhose fait partie du suivi médical des patients traités pour une stéatose hépatique non alcoolique, une hépatite B et une hépatite C chroniques. 

 

Le diagnostic

Votre médecin traitant, ou votre hépato-gastro-entérologue, commence par rechercher la présence de facteurs de risque de cirrhose du foie : hépatite, obésité, consommation d’alcool, de médicaments ou substances toxiques pour le foie, mais aussi dénutrition, présente en cas de cirrhose du foie avancée.

Certains signes peuvent le mettre sur la voie : 

  • À la palpation, le foie peut être gros, dur, palpable mais non douloureux.

  • La rate peut également être volumineuse et palpable, dans certains cas.

  • La peau et/ou le blanc de l’œil peut avoir une teinte jaunâtre.

  • Les paumes des mains sont rouges et les ongles sont blancs.

  • Des angiomes stellaires (sortes de petites taches vasculaires en forme d’étoiles) peuvent être visibles sur la peau, notamment sur le thorax.

Des examens complémentaires sont alors prescrits : 

  • Un bilan sanguin pour évaluer la fonction hépatique et rechercher une éventuelle hépatite C ou hépatite B chronique.

  • Une échographie abdominale associée à un doppler du foie afin de détailler l’aspect du foie (anomalies de sa structure, contours irréguliers…) et rechercher une éventuelle hypertension veineuse portale. 

  • Une endoscopie digestive haute dans certains cas, pour rechercher d’éventuelles varices au niveau de l’œsophage. 

  • Une biopsie du foie qui permet de poser le diagnostic de cirrhose et d’en identifier la cause.

  • Un scanner ou une imagerie par résonance magnétique (IRM) pour rechercher d’éventuelles complications.

 

Des changements d’hygiène de vie à prévoir

Avant tout, l’arrêt définitif de la consommation d’alcool est requis, mais aussi la consommation ou l’exposition à d’autres facteurs aggravants tels que le tabac, les drogues, les médicaments toxiques pour le foie… 
Pour prévenir les complications, d’autres changements doivent avoir lieu : 

  • Adopter une hygiène bucco-dentaire irréprochable.

  • Effectuer des soins cutanés le plus vite possible en cas de plaie sur la peau. de 

  • Se faire vacciner contre certaines maladies : l’hépatite A, l’hépatite B, la grippe, les infections à pneumocoque et le covid. 

 

Les traitements de la cirrhose

Le traitement se concentre principalement sur la cause de la cirrhose et sur tout ce qui peut fragiliser le foie. C’est pourquoi l’arrêt de l’alcool et du tabac notamment sont impératifs. 

En cas d’hépatite, un traitement antiviral est prescrit. En cas de stéatose non alcoolique, le diabète, le surpoids et les anomalies sanguines des graisses sont fréquemment contrôlés. En outre, un traitement adapté à chaque cause de cirrhose identifiée est mis en place. 

Des traitements propres à chaque complication sont également prévus. Une hospitalisation est souvent nécessaire : 

  • S’il s’agit d’une infection bactérienne, les antibiotiques sont, en l’occurrence, automatiques. 

  • Si ce sont des varices œsophagiennes, un traitement à base de bêta bloquants est administré. Autre possibilité : ligaturer ces varices afin de prévenir le risque d’hémorragie. 

  • En cas d’ascite, un régime allégé en sels associé à la prescription de diurétiques est requis. Il faut parfois procéder à des ponctions évacuatrices de l’ascite. 

  • En cas d’encéphalopathie, la prescription de laxatifs permet de réduire la production d’ammoniac par les bactéries digestives.

Enfin, la greffe de foie ne peut être recommandée que dans certains cas : si la cirrhose est décompensée malgré tous les traitements mis en œuvre ou en cas de cancer du foie. Dans tous les cas et quel que soit le traitement, un suivi médical doit être mis en place sur le long terme. 

 

Conseil bien-être – Comment prévenir la cirrhose ?

Plusieurs recommandations peuvent être appliquées pour éviter cette maladie grave : 

  • En premier lieu, modérez au maximum votre consommation d’alcool. Limitez-vous à dix verres d’alcool standard par semaine, sans dépasser 2 verres standard par jour. Idéalement, il faudrait s’en passer certains jours de la semaine, voire plus.  

  • Pour prévenir les hépatites, utilisez toujours un préservatif en cas de rapport sexuel à risque.

  • Si vous êtes à risque d’infection, faites-vous dépister.

  • Si vous souhaitez vous faire tatouer ou avoir un piercing, faites-le chez un professionnel reconnu.

  • Ne partagez pas certains objets de toilette comme les rasoirs, les pinces à épiler, les coupe-ongles ou les brosses-à-dents. 

  • En cas de plaie cutanée, nettoyez à l’eau et au savon avant d’y appliquer un antiseptique. 

  • Pratiquez une activité physique régulière afin d’éviter le surpoids et l’obésité.